Divers Sources et Références Pétitions Liste de Diffusion Nous contacter Documents Liens Back home page FAQ Home Page Association FABULA Forums
Chapitres ¬
• Evolution & Cladistique
• Preuves de l'Évolution I
• Preuves de l'Évolution II
• Preuves de l'Évolution III
• Preuves de l'Évolution IV
• Preuves de l'Évolution V
• Preuves de l'Évolution VI
• Preuves de l'Évolution VII
• Preuves de l'Évolution VII
• Preuves de l'Évolution IX
• Homo et autres Primates
• 2 espèces & Néoténie
• Phylogénie & Règnes
• Arthropodes & Diversité
• Tétrapodes & Oiseaux
• Archaeopteryx controversé
 
Voir aussi ¬
• Dogme & Sciences
• Neurologie & Croyances
• La Théorie Darwinienne
Partie I - IntroductionL'Évolution, une évidence observable
PARTIE III L'Embryologie, mémoire de l'évolution
Partie IV Vestiges et Fossiles, traces de l'évolution
Partie VL'Anatomie comparée, les homologies
Partie VILes Imperfections de la Nature
Partie VIILes Gènes et Molécules
Partie VIIIL'Expérimentation
Partie IXLa Biogéographie
Partie X - ConclusionLes Spéciations

Les PREUVES de l'ÉVOLUTION
L'Évolution, un mouvement observable et vérifiable

Autres PreuvesAutres preuvesAutres Preuves

 

Ces pages sont un modeste complément au remarquable chapitre [ Science et Dogmes ] rédigé par Bruno Alexandre, qui traite en détail de cette opposition et de l'historique des dogmes et des sciences de la nature. Nous ne reviendrons pas dans ce chapitre sur les dogmes ni sur leur compatibilité ou incompatibilité avec les sciences. En revanche, en guise de synthèse des preuves présentées, des extraits du brillant ouvrage du professeur Cyrille Barrette, « Le Miroir du Monde », seront cités en encadré, en bas de page.
Ce livre, d'une richesse et clarté d'argumentation rares, est sans doute la plus belle gifle au créationnisme qui ait été publiée en français ; et ces pages sont un hommage, un miroir illustré et modifié avec son accord, des preuves qu'il propose dans son ouvrage.

L' Évolution, une simple théorie (1) ? Il n'y a plus guère que la minorité des créationnistes, aveuglés par leur foi religieuse, pour l'appeler ainsi : l'évolution est une flagrante évidence que les anciens (2), déjà bien avant Lamarck et sans doute libérés de cette barrière mentale que la religion oppose à la réflexion, avaient constatée simplement en observant la nature autour d'eux, notamment les animaux de la ferme, tous sélectionnés par l'homme. Ce sans aucune connaissance scientifique particulière ; juste avec un peu d'intuition, de logique, et de bon sens: « Les choses ne semblent pas immuables, notre entourage et la vie ne peuvent, par conséquent, que faire de même... changer et évoluer ».
De nos jours, on se sert bien plus de faits et d'expérimentation que d'intuition et de déductions théoriques pour comprendre et expliquer un phénomène. L'évolution, terme signifiant au minimum deux choses - l'évolution constatée et la théorie visant à l'expliquer -, ne peut plus être considérée seulement comme une théorie et n'est pas non plus un mécanisme qui explique le vivant. Elle n'explique d'ailleurs rien du tout. Mais de multiples mécanismes en marche (moléculaires, chimiques, génétiques, géophysiques, et même astrophysiques) interagissent entre eux et sur le vivant, exercent une influence, génèrent une dynamique et modifient ce vivant auquel s'applique une sélection. Et c'est ce mouvement, dont une des conséquences majeures est la biodiversité, que l'on peut appeler l'Évolution.

Les objections des créationnistes et les modèles qu'ils proposent, quand ce n'est pas l'explication littérale de la genèse biblique, traitent des origines de l'univers, de la vie, mais rarement de la biodiversité. Or la théorie de l'évolution porte seulement sur le dernier point. Les arguments créationnistes sur les origines de l'univers, par exemple, n'ont rien à voir avec l'évolution au sens strict (3), ou diversification de la vie.
L'évolution au sens large (3) est cependant une constante (4) de l'Univers elle aussi, que l'on observe dans des phénomènes autres que la vie (stratigraphie, radiochronologie), mais c'est bien dans cette dernière, la vie, que l'on ne trouve aucune ambiguïté : il n'y a pas la moindre trace de créateur, de finalité, de volonté, de sens déterminé, ni d'intelligence dans le processus du vivant ! Seules les créatures résultant de ce processus créent une descendance et peuvent être considérées intelligentes, volontaires et déterminées, mais pas le processus lui-même...

Il existe encore beaucoup de croyants, de lettrés et de scientifiques (médecins, physiciens, mathématiciens, chimistes, et même des biochimistes) qui nient l'évolution ou en doutent fortement. Si ceux-là ont une circonstance atténuante (leur discipline portant sur des domaines soit très spécialisés, abstraits ou ayant peu de relations avec le vivant), les rares biochimistes non évolutionnistes, en revanche, n'en ont guère : ils se butent sur ce qu'ils ne s'expliquent pas à travers leur microscope électronique, parfois sur des erreurs méthodologiques, et rejettent tout l'univers qui les entoure... Or la compréhension de la vie, de sa diversité, et donc de son évolution, exige d'observer aussi ce qui se passe hors du laboratoire, dans la nature, avec une loupe ; de manipuler et retourner les ossements que l'on y trouve ; de s'intéresser à ce que font les autres - une pioche à la main - sur le terrain ; de considérer le travail de ceux qui se servent de jumelles, d'un télescope, ou d'autres instruments que les siens, "... puis de réfléchir à tout cela avec notre raison, notre esprit critique. Sans passion ni préjugés".

« De même que la foi et la raison ne peuvent ni se nuire, ni s'appuyer l'une sur l'autre, ni se combiner dans un même discours », l'Évolution n'est pas incompatible avec la foi religieuse et seul le "créationnisme" est nié par celle-ci.
Un mouvement créationniste fondamentaliste, grâce à des appuis très puissants, est en expansion aux USA ; un phénomène qui touche aussi la francophonie. Alors attention les rationalistes, car sans vouloir être alarmiste, c'est non seulement d'une montée de l'irrationnel dont il s'agit, mais la persécution des sorcières volant sur des balais est peut-être l'étape suivante.

(1) C'est une boutade. La Théorie de l'Évolution ayant maintes fois été démontrée et vérifiée, elle n'a donc pas besoin d'acquérir de lettres de noblesse : "Une théorie scientifique est un modèle logiquement cohérent, décrivant les phénomènes naturels ou sociaux. Elle est appuyée et a pour origine des faits observables. C'est une expression systématique et formalisée, ou explication prédictive, testable, qui n’a pas encore été falsifiée, d’observations préalables".
(2) Anaximandre de Milet (611-546 av. J.-C.) imagina une première génération d'être humains pisciformes qui auraient perdu leur enveloppe au moment de leur transition vers la vie terrestre.
(3) A ne pas confondre avec macroévolution et microévolution, (respectivement les variations de grande ampleur et les "petits" changements ou variations de fréquences alléliques) au sein des espèces, pouvant être des préludes à des spéciations.
(4) Il ne s'agit pas ici de mettre le mot constante sur le même plan que les constantes de la physique.

 

Caractères vestigiaux chez les chevaux

Les fossiles sont les seuls objets témoignant véritablement de l'existence de la vie passée. Les couches géologiques dans lesquelles ils ont été trouvés permet de les dater ; la comparaison des fossiles entre eux et avec le squelette d'espèces actuelles permet de voir leurs similitudes, de les classer. Puis, en établissant le tableau de ces successions de fossiles, ils permettent de dessiner le parcours évolutif des différentes lignées jusqu'à nos jours ou jusqu'à leur extinction (pour les taxons disparus).

Chez le cheval moderne, chaque membre est pourvu d'un seul sabot qui termine son unique doigt, le majeur ou doigt numéro 3. On observe par contre, à chaque main et à chaque pied, de petites baguettes osseuses : les vestiges de doigts qui étaient complets et fonctionnels chez les ancêtres.
A droite de l'image, on observe une vue antérieure et postérieure de Merychippus, ancêtre du cheval moderne, dont les doigts 2 et 4 sont nettement plus développés.

Les fossiles de cétacés [page Vestiges et Fossiles] et des équidés (sur cette page) sont les exemples que nous avons choisi de développer afin d'illustrer l'argumentaire en encadré (ci-dessous).
Les cétacés et les chevaux sont des preuves de l'évolution par les fossiles parmi tant d'autres : il existe des dizaines de lignées d'animaux retournés secondairement vers une vie aquatique, qui présentent - à différents degrés d'adaptation à ce nouveau milieu - des traces indéniables d'évolution, confirmées par leurs fossiles (oiseaux, reptiles, arthropodes).
Tous ceux-ci pourraient parfaitement servir de "preuves par les fossiles" et confirmer l'évolution. De même pour toutes les autres lignées d'animaux, mais aussi de plantes, de protistes, de champignons...
Les mammifères marins et les équidés, outre leur parcours évolutif particulier (retour vers la mer pour les cétacés et adaptations pour la course des chevaux) présentent aussi l'avantage d'être bien connus, d'avoir des représentants encore vivants, des os robustes et de grande taille et des fossiles en grande quantité. Tous ces éléments facilitant le travail d'explication.

Étapes évolutives du cheval
(A = doigts latéraux)

Hyracotherium
Mesohippus
Parahippus
Pliohippus
Equus
55
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0

Le tableau ci-dessus n'exprime aucune hiérarchie de complexité ni aucun sens téléologique (finalité) : il reflète le seul parcours évolutif suivi, allant par quelques étapes, de l'Hyracotherium jusqu'au cheval moderne Equus. Ce tableau ne donne aucune information sur le buissonnement de la phylogénie du taxon des équidés. Il ne reflète que le taxon suivi, dont l'augmentation de taille n'est qu'un phénomène historique constaté et pas un sens évolutif irrémédiable. Ce premier aurait pu être tout autre, et ce fut le cas pour d'autres lignées d'équidés dont la taille s'est parfois réduite au cours de l'évolution.
Par ailleurs, les étapes proposées ne sont pas les ancêtres les uns des autres, mais plutôt des lignées soeurs de la lignée Equus. Pliohippus, par exemple, le plus ancien équidé à un seul sabot apparent, est ainsi le plus récent et proche parent connu de la lignée ayant mené à Equus, mais n'est pas à considérer comme l'ancêtre direct. La phylogénie exprimant, même dans un tableau ambigu comme celui ci-dessus, la notion de parenté.

L' histoire évolutive du cheval au sens large, les équidés, est sans doute le meilleur exemple "d'arbre généalogique fossile". Reconstitué quasiment sans lacunes malgré le nombre élevé de ses ramifications, son arbre phylogénique peut être suivi durant tout le Tertiaire et Quaternaire.
La continuité évolutive et les différentes ramifications de la famille des équidés sont si limpides et si complètement illustrées par les fossiles retrouvés, qu'il fut baptisé par Haeckel « Le cheval de bataille de la paléontologie ». La sempiternelle et trompeuse objection créationniste qu' "il n'y aurait pas de transitions (intermédiaires) fossiles, et par conséquent que l' évolution ne serait pas prouvée... ", est complètement balayée par le registre fossile du cheval, exemple par excellence de la conservation totale des fossiles successifs d'une lignée.
Jugez-en plutôt par le tableau ci-dessus, simple échantillon des étapes cruciales allant de l'ancêtre Hyracotherium jusqu'à Equus.

L'ontogenèse du cheval

45 jours
60 jours
150 jours

La vérification de cette reconstitution phylogénique est apportée, comme souvent, par les formes dérivées, différentes mais cependant ressemblantes, aux caractères disparaisssant ou s'allongeant progressivement (les doigts notamment) chez les espèces successives, ce dans les différentes couches géologiques. Mais aussi, comme très souvent, par l'examen du développement de l'embryon.
L'image ci-contre représente trois états successifs de la patte d'un foetus de cheval moderne, qui récapitulent et confirment les étapes de l'évolution de la lignée.
On y observera notamment la dispartition progressive des doigts.

Légende
6 semaines. Le foetus a le même nombre de doigts que le cheval d'il y a 35 millions d'années (voir tableau des fossiles ci-dessus)
2 mois. Le doigt médian a une forte croissance, reléguant celle des autres.
5 mois. Le membre du cheval adulte est quasiment formé, ses deux doigts latéraux se collent au doigt principal et ne deviennent bientôt plus que des "brindilles vestigiales" sans utilité aucune.

Réciproquement, la mise en parallèle du registre fossile et l'ontogenèse confirme aussi le bien fondé scientifique et l'utilité de la loi de Haeckel : « L'ontogenèse récapitule les grands traits de la phylogenèse ». Loi dont on reparlera au chapitre suivant.

La comparaison de l'évolution des fossiles/vestiges/embryons que nous proposons dans cette page n'est pas un raisonnement circulaire où les éléments s'auto-justifient les uns les autres. Il s'agit bel et bien d'un remarquable exemple de trois faisceaux d'indices observables, non spéculatifs et palpables, qui se confirment et corroborent l'un l'autre, confortant et illustrant à merveille, prouvant l'évolution indéniable du vivant. Des preuves solides comme de l'os.

 

Questions aux créationnistes et tenants du "dessein intelligent" :
- Si les transitions et l'évolution entre les diverses espèces représentées ne vous paraissent pas flagrants, qu'est-ce qui pourrait bien s'appeler une évidence pour vous ?
- Si la reconstitution des lignées "aboutissant" aux chevaux modernes n'est pas une preuve de l'évolution, qu'est-ce donc que les créationnistes appellent une preuve ?
- Que signifient ces doigts latéraux écartés chez le foetus de cheval ?

Rafael Terrón

****

« Les fossiles démontrent l'évolution parce qu'en suivant une espèce animale quelconque, comme le cheval ou un escargot, on y voit à travers les couches géologiques successives, des plus profondes aux plus récentes, que la forme animale a changé un peu. On voit bien qu'il s'agit toujours d'un cheval, c'est la même forme générale, mais un peu modifiée ; par exemple, la troisième molaire supérieure est un peu plus grosse ou, dans le cas d'un mollusque, l'enroulement de la coquille est un peu plus serré. Donc, à mesure que le temps passe, le cheval est toujours un cheval, mais sa forme et sa taille ont changé, il a évolué. Et cela est vrai pour chacune des centaines de séquences de fossiles que l'on peut suivre sur une longue période Dans ces suites de fossiles, les formes intermédiaires, les " chaînons manquants " sont très importants. En effet, s'il est vrai que la vie a une histoire et que les fossiles en sont la trace, on peut alors faire des prédictions sur les caractères de ces formes intermédiaires qu'on ne connaît pas encore. Or en science, rien n'est plus convaincant que de voir une prédiction confirmée. Une science qui énonce et confirme des prédictions est très robuste. En paléontologie, chaque fois qu'une telle prédiction est confirmée par l'observation, c'est-à-dire par la découverte d'un nouveau fossile jusque-là " manquant ", elle constitue une preuve de plus que l'évolution est un fait.
Voici un exemple récent concernant l'évolution des baleines. Depuis très longtemps, les biologistes affirment que les baleines actuelles sont issues de mammifères terrestres. Or, ces derniers ont quatre pattes, alors que les baleines n'ont pas de pattes arrière. Entre les deux on n'avait jamais observé de formes intermédiaires, il y avait là un trou, un " chaînon manquant ". S'il est vrai que les baleines sont le produit d'une évolution à partir de mammifères terrestres, on prédisait depuis longtemps qu'un jour, avec un peu de chance, on allait trouver des fossiles de baleines avec quatre pattes dans les couches géologiques d'environ 45 millions d'années. C'était une prédiction risquée, parce que la ressemblance entre une baleine et un ours, par exemple, sur le plan de la locomotion, est pour le moins très faible. Comme c'est une prédiction risquée, si elle est confirmée, elle constituera une preuve d'autant plus forte.
Or, au cours des vingt dernières années, on a trouvé, en Égypte et au Pakistan, plusieurs espèces de baleines (Basilosaurus, Dorudon) pourvues de petites pattes arrière. Si Basilosaurus et Dorudon avaient été créées au lieu d'être le fruit de l'évolution, elles n'auraient eu aucune raison d'avoir de petites pattes ridicules et inutiles pour la marche et même pour la nage.
Cette notion de " chaînon manquant " n'a de sens que s'il est question d'une chaîne, ou d'une suite de fossiles, d'une suite d'événements constituant une histoire. La prédiction de l'existence d'une espèce Y entre les espèces X et Z ne peut être énoncée que si la vie est une chaîne continue. Sinon, il n'y aurait aucune raison qu'il ait existé, entre X et Z, une espèce dont les caractères seraient intermédiaires entre ceux de X et ceux de Z, comme une baleine avec des petites pattes ou un lézard avec des plumes à mi-chemin entre les reptiles et les oiseaux. On peut faire deux autres prédictions concernant les séries temporelles de fossiles. Dans une même série, deux fossiles se ressembleront d'autant plus qu'ils sont proches l'un de l'autre dans le temps, et une espèce actuelle ressemblera davantage à un fossile récent qu'à un fossile ancien dans la même série. Ces prédictions, confirmées à des milliers d'exemplaires dans les séries de fossiles connues, peuvent sembler banales et évidentes, mais si l'évolution n'était pas un fait, les fossiles n'auraient aucune raison de se conformer à ces prédictions, ils pourraient se retrouver dans n'importe quel ordre.
Donc, si on regarde une suite de fossiles avec une attitude raisonnable et rationnelle (c'est-à-dire avec sa raison), on doit conclure qu'elle représente l'évolution d'une forme animale. Comme on connaît des centaines de ces suites de fossiles, y compris dans notre propre lignée, il n'est pas extraordinaire de conclure qu'elles constituent une preuve convaincante que les espèces ont évolué ; c'est au contraire une conclusion très raisonnable. »

Extrait du livre « Le Miroir du Monde » de Cyrille Barrette
Avec son aimable autorisation
Pour commander l'ouvrage

« Depuis Jean-Baptiste de Lamarck (1809), de plus en plus de scientifiques sont convaincus que l'évolution du monde vivant est un fait, c'est-à-dire que la vie a une histoire. Il n'y a aujourd'hui aucun biologiste raisonnable qui croit que la vie n'a pas d'histoire, c'est-à-dire que les espèces auraient été créées instantanément par une intervention surnaturelle. Essence du fait de l'évolution est que la vie a émergé imperceptiblement à partir de la matière non vivante et que, par la suite, les espèces se sont transformées et ont émergé les unes à partir des autres par un processus naturel. Même le pape a récemment reconnu ce fait (Jean-Paul II, 1997). Je veux souligner le fait de l'évolution, parce que le fait est souvent confondu avec la théorie. Malheureusement, le mot évolution veut dire au moins quatre choses différentes, trois qu'on considère comme valides et une qui ne l'est probablement pas. Évolution désigne un fait, mais aussi une théorie, puis un parcours, un cheminement particulier. Mais évolution signifie aussi amélioration. Ce dernier sens est sans doute utile dans le langage courant, mais à bannir du discours scientifique de la biologie de l'évolution. Nous en reparlerons plus loin.

Un mot d'abord sur notre relation avec la réalité. La condition humaine est telle que l'on ne peut être sûr de rien hors de tout doute. Il semble qu'on ne puisse échapper à ce doute métaphysique qui découle des limites inhérentes de notre cerveau et de notre raison. Mais si, à cause de ce doute, l'on refuse de considérer que l'évolution est un fait, il faudra également refuser de " croire " le fait que la terre est ronde, qu'elle tourne autour du soleil, que les continents dérivent, que l'eau est faite de deux gaz, que Napoléon a existé, etc. Nous sommes certains de la véracité de ces affirmations hors de tout doute raisonnable, et c'est amplement suffisant pour les considérer comme des faits. L'évolution de la vie est du même ordre.

Voici brièvement ce que les biologistes considèrent comme des preuves que l'évolution est un fait, hors de tout doute raisonnable. Les sept preuves que je vais présenter sont d'autant plus convaincantes qu'elles sont indépendantes les unes des autres ; elles ne sont pas sept façons de dire la même chose et, bien qu'elles soient indépendantes, elles pointent toutes dans la même direction, toutes affirment que l'évolution est un fait. En dehors du doute métaphysique, on ne peut pas espérer mieux que de posséder plusieurs preuves, indépendantes, arrivant à la même conclusion.

Pour résumer ce qui précède, voici ce que je réponds à qui affirme que l'évolution est seulement une théorie et qu'elle n'est même pas prouvée. D'abord, l'évolution n'est pas seulement une théorie, c'est aussi un fait. Ensuite, elle n'est pas prouvée hors de tout doute, mais aucune théorie ne peut l'être, même en physique. Par contre, elle est prouvée hors de tout doute raisonnable, et en ce sens elle est parmi les meilleures théories scientifiques, perfectible, mais très solide.

Une autre façon de considérer les faits présentés est de constater qu'ils sont inexplicables si on ne fait pas appel à l'évolution (Dobzhansky, 1973). En effet, l'évolution explique de nombreuses observations facilement, simplement et de manière très convaincante. De plus, la même idée d'évolution explique tous ces faits, bien qu'ils soient très disparates, concernant les molécules, l'anatomie ou la distribution géographique des espèces. C'est ce qui fait que l'évolution s'impose comme un fait indéniable. Je vais présenter comme des preuves des faits que nous pouvons voir avec nos yeux. Quand nous les interprétons, avec notre cerveau, ces faits nous parlent : ils nous disent que l'évolution est un fait. »

Extrait du livre « Le Miroir du Monde » de Cyrille Barrette
Avec son aimable autorisation
Pour commander l'ouvrage

Le monde a-t-il un sens ? Pourquoi existons-nous ? Qu'est-ce qu'un humain ? Ces questions émergent de notre cerveau. Tout comme notre pancréas, ce cerveau est un produit de l'évolution par sélection naturelle. La biologie évolutionnaire peut contribuer grandement à éclairer ces questions existentielles normale­ment réservées à la philosophie, à la théologie ou, malheureusement, de plus en plus à l'ésotérisme. Mais ce terrain est miné : les réponses simplistes y abondent et il faut s'y méfier autant du réductionnisme excessif de la science actuelle que du pire ennemi de la raison : le désir de croire. Cet ouvrage propose des pistes de réflexion fondées sur la biologie darwinienne moderne.
L'auteur présente d'abord l'évolution et la théorie unificatrice de la biologie, la sélection naturelle. Il y montre, entre autres, que :
• La sélection naturelle est plus que la survie du plus fort ;
• Elle s'exerce sans sélectionneur ;
• La reproduction est plus importante que la survie ;
• L'évolution n'a pas de projet ;
• L'être humain est un produit accidentel de l'évolution.

Ensuite, l'auteur utilise ce qu'on connaît de la biologie darwinienne pour tenter de comprendre le mystère de la nature humaine. Il constate que, tout en étant indéniablement un animal, l'être humain est seul capable d'être libre, proactif et angoissé. Grâce à son cerveau, il est un miroir de carbone qui réfléchit sur le monde dont il fait partie et auquel il tente de donner un sens.
Ce livre s'adresse aux femmes et aux hommes qui ont soif de comprendre, font confiance à leur raison, se méfient des superstitions et des mirages et souhaitent réfléchir à l'éclairage que la biologie darwinienne peut apporter au mystère de notre existence.

Éditions MultiMondes, 2001

 

Association FABULA
Association FABULA
- free of copyrights -
Veuillez simplement citer la source de ces documents si vous les utilisez
Merci !!