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PARTIE I - IntroductionL'Évolution, une évidence observable
PARTIE IIIL'Embryologie, mémoire de l'évolution
Partie IVVestiges et Fossiles, traces de l'évolution
Partie VL'Anatomie comparée, les homologies
Partie VILes Imperfections de la Nature
Partie VIILes Gènes et Molécules
Partie VIIIL'Expérimentation
Partie VIIILa Biogéographie
Partie X - ConclusionLes Spéciations

La BIOGÉOGRAPHIE
Preuves à conviction de l'évolution

Autres PreuvesAutres preuvesAutres Preuves

 

Chameaux, dromadaires, vigognes et lamas se ressemblent-ils ? Répartis en 3 genres, Camelus, Lama et Vicugna, ces quatre espèces appartiennent toutes à une seule et même famille, les Camélidés. Étroitement apparentés, ils dérivent tous d'un ancêtre commun qui vivait il y a environ 3 millions d'années, vraisemblablement en Amérique du Nord. Les descendants de cet ancêtre ont colonisé l'Asie, en passant par l'Amérique du Nord, puis l'Afrique. Ils s'y sont adaptés et se sont diversifiés, tout en conservant bien des caractéristiques communes et des particularités propres à la famille, dont quasiment les mêmes espèces de parasites !

 

Le poux des chameaux
Preuve à conviction de coévolutions

Malgré leurs ressemblances anatomiques, les camélidés semblent extérieurement assez différents, une ou deux bosses, ou absence de bosses, accentuent cette impression.
L'une des lignées regroupant dromadaires et chameaux, du genre Camelus, peuple les régions montagneuses de l'Asie et de l'Afrique subtropicales, alors que l'autre, représentée par les genres Lama et Vicugna, (vigogne, guanaco, et leurs variantes domestiques, l'alpaca et lama domestique), colonise les climats montagneux plus froids d'Amérique du Sud. Malgré les différences morphologiques et de distribution géographique entre ces mammifères, les poux qui vivent dans leur pelage sont très semblables. Les camélidés abritent donc tous les mêmes parasites, que l'on ne retrouve pas sur d'autres animaux. Les lieux d'habitation du groupe dromadaires/chameaux et des lamas/vicognes ne se recoupent pas, ils n'ont donc pas pu échanger leurs visiteurs.
Leur ancêtre devait déjà être accompagné de ce parasite, qui a gardé son environnement et n'a pas ou peu évolué. En effet, la température du corps, l'humidité ambiante dans la fourrure et la composition générale du sang n'ont pas varié durant la radiation des chameaux, dromadaires et lamas.

Pou du groupe CamelusPou de l'ancêtrePou du groupe Lama
(A) Ancêtre (B) Vicugna vicugna (C) Lama guanicoe (D) Camelus bactrianus (E) Camelus dromedarius

Cet exemple illustre plusieurs choses.
- D'une part que la vitesse d'évolution des parasites est généralement plus petite que celle de leurs hôtes - ainsi est-il possible que des groupes d'animaux parents abritent les mêmes parasites. D'un autre côté, les parasites font accélérer l'horloge de l'évolution puisqu'en nuisant à leurs hôtes, ces derniers développent des mécanismes de défense.
- Et d'autre part, illustrant parfaitement le phénomène de coévolution, il démontre l'origine commune à tous les camélidés. Sans cette (co)évolution, on ne pourrait expliquer la présence de quasiment les mêmes parasites, ce sur des hôtes dont la distribution est aux antipodes, sur différents continents. C'est une nouvelle preuve de l'évolution.

Le principe de coévolution concerne cette interaction entre deux organismes vivant ensemble qui, à chaque adaptation de l'autre, répondent par une nouvelle modification. Les désavantages sont détournés par l'apparition de nouvelles propriétés, qui peuvent représenter un avantage sélectif dans certaines circonstances. L'apparition de nouvelles propriétés implique une grande variabilité intraspécifique, ce qui aboutit à un moment donné la distinction de deux sous-espèces puis espèces. Ceci est valable autant pour l'hôte que pour le parasite. On a aussi observé que la diversité des espèces végétales était plus grande chez les familles parasitées.

Comment sait-on que ces 4 mammifères ont tous un ancêtre commun ?

Toutes les données et indices paléontologiques le confirment ! Plus récemment, les moyens à disposition par la biologie moléculaire - faisceau de preuves cumulées -, pointent tous vers la même conclusion. On ne pourrait en faire le tour ici. On se limitera donc aux caractères anatomiques, communs et dérivés des Camélidés.

Le groupe des Tylopodes, représenté à l'heure actuelle par la seule famille des camélidés, se caractérise par :
- 2 ou 4 doigts ; appui sur les surfaces plantaires de deux doigts (coussinet élastique épais) ; pas de sabot vrai, mais réduit au devant de la phalange comme un ongle.
- Canines supérieures développées, molaires sélénodontes (cuspides en croissant de lune)
- Une seule paire de mamelles et absence de cornes
- Ruminants à l'estomac comprenant 3 parties, et quelques particularités anatomiques : rumen et réseau possèdent des sacs glandulaires dits "cellules aquifères".

Les Camélidés, famille subalterne des Tylopodes, ont pour caractéristiques principales dérivées :
- Seulement 2 doigts (didactyles). Les doigts ou rayons latéraux ont disparu.
- Os de l'avant-bras soudés, et un os dans le diaphragme.
- Souvent, les prémolaires ont la forme de canines et sont séparées des autres molaires.
- Pas de mufle, les narines peuvent être fermées. Lèvre supérieure fendue en deux.
- Encolure allongée et très longues pattes. Marche dite "à l'amble".
-
Globules rouges elliptiques et plans, absence de vésicule biliaire, etc.

Questions aux créationnistes et tenants du "dessein intelligent" :
- Il existe environ 2500 espèces de Mallophages (poux), tous parasites de différents animaux. Comment peut-on expliquer, autrement que par la coévolution des camélidés et leur origine commune, l'extraordinaire similitude de leurs parasites ?

 

Problèmes de distribution géographique
Preuves à conviction de l'évolution

En rouge, les lémuriens : groupe très diversifié de primates, comportant pas moins d'une trentaine d'espèces, sont réunis exclusivement à Madagascar. Les félins en revanche, redoutables prédateurs et ennemis jurés des primates, très répandus en Amérique, Afrique, Asie et Eurasie, n'existent pas à Madagascar.
En bleu, les singes platyrrhiniens : singes arboricoles possédant une queue le plus souvent préhensile, comprennent environ 90 espèces qui habitent les grandes forêts équatoriales d'Amérique centrale et du Sud. Leur longue queue préhensile est très utile pour s'agripper aux branches des arbres et pour équilibrer le singe durant ses grands sauts entre les arbres. Pourtant, en Afrique et Asie où les forêts équatoriales ont des arbres eux aussi avec des branches, la queue des singes n'est pas préhensile...

Saint AugustinEn vert, les marsupiaux évolués, soit tous les marsupiaux non américains. Il existe dans les Amériques quelques espèces représentant deux familles de marsupiaux - ou ordres selon d'autres systématiciens - aux caractères très archaïques, les sarigues et les caenolestes. Deux ordres de marsupiaux que, réciproquement, on ne trouve pas en Australie.

Pourquoi ces particularités géographiques, pourquoi ces espèces n'existent-elles pas ailleurs ?
On peut répondre, pour le groupe des marsupiaux australiens, que leurs ancêtres ont disparu partout où les placentaires leur faisaient trop forte concurrence, ce qui est confirmé par les fossiles. Mais cette réponse confirme l'évolution : les marsupiaux, suite à l'arrivée d'espèces de plus en plus compétitives de placentaires, ont fini par disparaître partout sauf dans le seul continent que n'ont jamais colonisé les placentaires (chauve-souris exceptées, vu qu'elles volent) ; et les marsupiaux s'y sont diversifiés au point d'occuper les niches écologiques avec des formes similaires à leurs analogues placentaires. (Et c'est de nouveau confirmé, entre autres, par l'absence totale de fossiles de placentaires en Australie et Nlle Zélande).
Pour les lémuriens de Madagascar et les singes sud-américains à queue préhensile, c'est là aussi un exemple de phénomène de diversification par isolement géographique avec l'ancien monde. Des phénomènes totalement inexplicables par un processus autre que l'évolution.

 

Les premiers Espagnols qui atteignirent les Galápagos ne tardèrent pas à y découvrir les tortues géantes, qui leur apparurent comme la réplique monstrueuse des petites "galápagos" - chéloniens d'eau douce - qui pullulaient dans les marais de la péninsule Ibérique ; c'est pourquoi ils donnèrent à l'archipel ce nom qui est resté depuis lors.

Ces animaux gigantesques mesurent 1,50 m de longueur et pèsent jusqu'à 250 kg. Originaires du continent sudaméricain distant de 1000 kms, leurs ancêtres du Miocène ont traversé cette distance par voie de mer grâce à leur aptitude à flotter très longuement et leur grande résistance aux besoins physiologiques. On ne peut non plus écarter la possibilité d'un transport passif sur des radeaux, tels des troncs d'arbres par ex. Actuellement encore, les îles plus ou mois distantes du continent sont fréquemment colonisées de la sorte par les espèces continentales.
Si l'énigme de la conquête de l'archipel par ces chéloniens est intéressante, que dire alors du problème posé par le fait que chaque île en possède des variétés bien individualisées. Force est d'admettre que, après la colonisation de ces îles par l'espèce souche, la différenciation eut lieu in situ. Les tortues des Galápagos sont ainsi l'exemple le plus remarquable de l'extrême diversification à laquelle l'isolement géographique peut conduire une souche unique à l'origine.
En réalité, les nombreuses formes de tortues des Galápagos ne constituent pas des espèces fondamentalement différentes, mais sont seulement des sous-espèces dérivées de Geochelone elephantopus.
Les diverses variétés de ces tortues géantes occupent le plus souvent des îles différentes ; il ne peut ainsi pas y avoir d'hybridation entre elles. Et même dans les endroits où plusieurs variétés cohabitent, comme à Isabela, les croisements sont impossibles, étant donné que les populations se trouvent confinées chacune sur l'un des 5 volcans de l'île et qu'elles ne sauraient franchir la distance qui les sépare.

Madagascar, un laboratoire du vivant

Madagascar est une grande île de 590 000 km2, située au sud-est de l'Afrique. Le point de l'île le plus proche du continent africain en est éloigné de 340 km. Sur la côte est s'étend une large bande de forêt humide, perpétuellement verte qui fut autrefois beaucoup plus étendue. Les vents alizés apportent sur la côte pendant toute l'année une grande humidité qui favorise une végétation exubérante. L'une des zones est un peu plus sèche et l'on y trouve quelques bandes de savane à végétation buissonnante. Le centre de l'île, jusqu'au sud, est couvert de surfaces herbeuses étendues. Des savanes s'étendent sur la côte occidentale, coupées parfois de forêts sèches. Dans ces régions, le climat connaît des alternances de périodes sèches et de périodes humides. Au sud et au sud-ouest de l'île, les côtes sont semi-désertiques et ne portent qu'une végétation d'herbes dures et d'euphorbes. Les sommets des plus hauts massifs montagneux, qui s'étendent au nord de l'île, dépassent 2 800 m d'altitude.

On estime la flore de Madagascar à environ 12 000 espèces, dont le 80% est endémique à Madagascar, et l'île est particulièrement riche en représentants de lignées (taxons) archaïques, reliques d'avant l'époque de la fission de l'île avec l'ancien continent appelé le Gondwana. Ces taxons ont bien entendu évolué depuis, mais confirment cependant ce phénomène géologique.
On se représente mal aujourd'hui la flore originelle de Madagascar. Une grande partie des peuplements, surtout les forêts, a été détruite par l'homme. Des secteurs forestiers très étendus ont été défrichés ou brûlés. Des populations venues d'ailleurs ont amené avec elles des animaux domestiques, tels que chèvres, moutons, porcs, chats et chiens. Beaucoup de ces animaux sont redevenus sauvages et ont causé des ravages, non seulement dans la faune autochtone, mais aussi dans la flore. C'est pourquoi on ne trouve pratiquement aujourd'hui à Madagascar que des restes de la faune et de la flore des origines. Parmi les plantes importantes et d'intérêt économique se trouvent, par exemple, les palmiers du genre Hyphaene, dont le tronc est ramifié, ce qui est exceptionnel chez les palmiers. Le Ravenalla madagascariensis, autre plante connue, voisine des bananiers, est considéré comme un réservoir d'eau. La partie inférieure de ses feuilles flabellées forme une sorte de cornet où s'accumule, pendant la saison des pluies, une réserve d'eau (on l'appelle l'arbre des voyageurs). Un autre arbre caractéristique de Madagascar est le baobab en forme de bouteille, qui croît dans les régions sèches près du rivage occidental de l'île. Son bois spongieux absorbe l'eau pendant la saison des pluies et garde cette humidité pendant la saison sèche. Dans la région où il se développe, il ne pleut que trois mois par an.
Les arbres de Madagascar sont très divers et leurs branches portent communément un grand nombre d'épiphytes, surtout des orchidées. On connaît plusieurs centaines d'espèces de ces plantes exotiques dans l'île, et les botanistes en décrivent constamment de nouvelles. Les filicinées sont également très nombreuses. Enfin de longues lianes grimpent sur les troncs élevés, et l'on en compte aussi plusieurs centaines d'espèces.

La faune de Madagascar est aussi, quant à elle, particulièrement fascinante, car on y trouve de nombreuses espèces et lignées d'animaux qu'on ne rencontre nulle part ailleurs (certaines de ces espèces ont disparu très récemment).
Bien que Madagascar ne soit séparée du continent africain que par une étroite bande de mer, on ne trouve pas dans sa faune d'indices témoignant d'une liaison avec le continent au cours des derniers 60 millions d'années. La faille qui existe entre l'Afrique et Madagascar est géologiquement très ancienne ; elle atteint jusqu'à 900 m de profondeur. Les zoogéographes cherchent encore aujourd'hui à quel continent Madagascar était, à l'origine, rattachée. Était-ce l'Afrique, l'Asie, ou encore l'Amérique du Sud, ou bien l'île s'est-elle formée indépendamment, par surrection des fonds marins? On ne peut en décider aujourd'hui en toute certitude. La faune et flore malgache a des traits continentaux qui attesteraient pourtant d'une liaison avec l'Afrique, mais avec des caractères qui prouvent un long isolement.
On pourrait, pour conclure et expliquer l'origine de la biodiversité de Madagascar, formuler d'une autre manière : Madagascar est probablement une île continentale où des millions d'années d'isolement ont engendré des phénomènes d'évolution et d'adaptation semblables à ceux qui sont intervenus dans des îles océaniques. C'est la raison pour laquelle - ainsi que le dit Carlquist - tous les phénomènes caractéristiques de la vie insulaire se rencontrent à Madagascar : rayonnement adaptatif, "fossiles vivants", endémisme, gigantisme, oiseaux terrestres et grande vulnérabilité des espèces aboutissant, hélas, à l'extinction de certaines d'entre elles.

Rafael Terrón

 

« La distribution géographique actuelle des espèces est révélatrice de leur histoire. Ainsi, les espèces de plantes et d'animaux qui ressemblent le plus à celles des îles Galápagos sont des espèces vivant en Équateur, la terre ferme la plus proche, à environ 1000 km. Cette distribution géographique suggère fortement que des espèces de l'Équateur ont émigré jusqu'aux Galápagos et s'y sont transformées sous des conditions légèrement différentes. Si toutes les espèces avaient été créées indépendamment les unes des autres, alors pourquoi le Créateur aurait-il placé tous les marsupiaux en Australie et aucun en Afrique ? Ou pourquoi avoir placé tous les lémurs à Madagascar, ou tous les singes à queue préhensile en Amérique du Sud, ou aucun ours en Afrique ? Ça semble des caprices sans raisons. Rien dans le climat australien ne permet de croire qu'une poche marsupiale est avantageuse seulement dans cette île ; rien dans la structure ou l'écologie des forêts d'Amérique du Sud n'oblige à porter une queue préhensile plus qu'en Asie ou en Afrique.

Ces distributions géographiques selon lesquelles plus les espèces qui se ressemblent habitent près les unes des autres indiquent que ces dernières ont évolué à partir d'ancêtres communs ayant émergé à un endroit particulier. Tout comme la distribution des Tremblay au Québec il y a cinquante ans. L'alternative serait que le Créateur n'aurait pas distribué ses créatures n'importe où, mais aurait placé, sans raison, les espèces les plus semblables tout près les unes des autres, et mis une distance de plus en plus grande entre les espèces de moins en moins semblables. L'évolution explique très bien toutes ces distributions géographiques à première vue fantaisistes et mystérieuses. »

Extrait du livre « Le Miroir du Monde » de Cyrille Barrette
Avec son aimable autorisation
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Illustrations ¬
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Aepyornis maximusThylacinus sp.Daubentonia sp.

 

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