Athéisme et religions, antireligions, atheisme contre christianisme, morale, eglise, peches

______ L'athéisme expliqué aux croyants ___
de Paul Désalmand

Si la production de textes sur l'histoire des religions à destination du jeune public s'est singulièrement étoffée ces dernières années, manquait dans ce paysage éditorial un ouvrage sur l'athéisme. Paul Desalmand, avec ses grandes qualités de vulgarisateur, comble la brèche en nous offrant un tableau remarquable sur le sujet, tant par sa clarté et son exhaustivité, que par son respect pour les diverses sensibilités de ses lecteurs. Sans concessions mais avec délicatesse, il nous propose de comprendre les sources de ce mouvement de pensée, d'en peser les qualités et les dérives, parfois, pour nous permettre tant de comprendre mieux, que d'expliquer mieux cet engagement qui a forgé la pensée de nombre de grands intellectuels de notre histoire, en France et ailleurs.

L'athéisme expliqué aux croyants
Paul Désalmand, Le Navire en pleine ville, 2007

_________ Dieu et Marianne
Philosophie de la laïcité ___
de Henri PENA-RUIZ

Une communauté de droit se fonde sur ce qui unit les hommes, non sur ce qui les divise. La république doit donc se définir en dehors de la différence des religions. La complicité tendue entre César et Dieu cède la place à l'affranchissement réciproque de Dieu et de Marianne. La laïcité articule ainsi l'idéal d'un espace civique commun et le principe de neutralité confessionnelle de l'État. Celui qui croit au ciel et celui qui n'y croit pas voient désormais garanties leur liberté de conscience, mais aussi leur pleine égalité. La laïcité n'est pas pour autant le degré zéro des convictions, mais la force vive d'une pensée qui dit tout haut les principes d'une concorde véritable celle qui advient entre des hommes libres, maîtres de leur jugement, auxquels l'école laïque apprend à ne pas transiger avec l'exigence de vérité.
Que veut dire «ouvrir la laïcité», si ce n'est restaurer des emprises publiques pour les religions ? Le risque alors est de confondre collectif et public, et de détruire à terme le bien public lui-même en le livrant à la guerre des dieux. Les nostalgies concordataires évoquant la crise du lien social, suggèrent déjà que la laïcisation aurait tari le sens, et que l'émancipation aurait tourné au sacre de l'égoïsme. Diagnostic étrange, car aveugle aux causes réelles de la misère du monde. Peut-on méconnaître à ce point la vertu propre à la laïcité, confiance dans la souveraineté de la pensée humaine force d'âme fraternelle où se transcendent les «différences» ?
Ce livre propose une philosophie de la laïcité. Il conjugue les approches de l'histoire, de la théologie et du droit. Au-delà des démarches simplement polémiques, il s'efforce d'éclairer les questions actuelles par une réflexion sur les fondements et la genèse de l'idéal laïque. Il en montre l'enjeu dans un monde où les motifs d'affrontement se cristallisent dans des identités exclusives, et où le moralisme tient trop souvent lieu de conscience.

Dieu et Marianne – Philosophie de la laïcité
Henri Pena-Ruiz, PUF Fondements de la politique, 1999

Henri Pena-Ruiz, agrégé de l'université, est professeur de philosophie en première supérieure au Lycée Fénelon et maître de conférences à l'Institut d'Études Politiques de Paris.
Il a déjà consacré deux livres à cet ensemble de principes, de textes, et de pratiques, qui se trouvent aujourd'hui au cœur de débats de plus en plus vifs. Après Dieu et Marianne. Philosophie de la laïcité (PUF, 1999) et La Laïcité pour l'égalité (Fayard, Mille et une nuits, 2001), il publie en même temps une remarquable mise au point et une anthologie thématique.

Le volume inédit qui paraît dans la collection "Folio" met en lumière l'essentiel : la laïcité constitue la condition de possibilité d'un monde commun où des hommes de croyances diverses soient en mesure de vivre ensemble dans le respect mutuel de leurs convictions. Cela suppose que soient clairement distinguées sphère publique et sphère privée, que soient nettement séparés puissance publique et institutions religieuses. Pour faire comprendre la cohérence et la rigueur de l'idéal laïque, Henri Pena-Ruiz revient de manière détaillée sur sa définition juridique et sur ses fondements philosophiques. Il retrace l'histoire de son cheminement comme sa géographie présente, insistant notamment sur le fait que la situation des femmes est la pierre de touche du niveau d'émancipation.

Pour l'excellente collection "Corpus", qui regroupe des textes choisis et commentés par thèmes et un glossaire des notions-clés, Henri Pena-Ruiz a constitué un dossier qui rassemble, de l'Antiquité à nos jours, des éléments de réflexion essentiels. C'est avec plaisir qu'on voit Pie IX condamner, en 1864, la proposition suivante : "Il est libre à chaque homme d'embrasser et de professer la religion qu'il aura réputée vraie d'après les lumières de sa raison." C'est avec joie qu'on retrouve Hugo houspillant les Inquisiteurs : "Si le cerveau de l'humanité était là devant vos yeux, à votre discrétion, ouvert comme la page d'un livre, vous y feriez des ratures !"

Alors qu'aujourd'hui s'avancent de nouveaux obscurantismes, que se renforcent les dangers du communautarisme, que la laïcité est remise en cause par des voiles islamistes, voilà des lectures utiles. Il faut espérer qu'elles deviennent assez répandues pour contribuer à endiguer la montée des ténèbres, déjà bien entamée.

QU'EST-CE QUE LA LAÏCITÉ ?
de Henri PENA-RUIZ - Gallimard, "Folio Actuel", (n° 104), 350 p., 7,10 €

« Certains hommes croient en un dieu, d'autres en plusieurs; d'autres encore sont athées ou agnostiques. Tous ont à vivre ensemble. Cette vie commune, selon la première Déclaration des droits de l'homme, doit assurer à chacun et la liberté de conscience, qui exclut toute contrainte religieuse ou idéologique, et l'égalité de droit, incompatible avec la valorisation privilégiée d'une croyance. La puissance publique promeut le bien commun. Elle devra donc être neutre sur le plan confessionnel et développer, par l'instruction, I'exercice autonome du jugement Afin que tous apprennent à vivre leurs convictions sans fanatisme ni intolérance.
Ainsi comprise, la laïcité n'est pas de l'ordre d'une option spirituelle particulière, mais constitue une condition de possibilité fondamentale de la vie publique. On ne saurait en conséquence la renégocier sans cesse, notamment au gré des fluctuations du paysage religieux et des rapports de forces qui les sous-tendent. »
(extrait de la 4me de couverture)

LA LAÏCITÉ
- Textes choisis et présentés par Henri Pena-Ruiz. GF Flammarion, "Corpus", 256 p., 7,50 €

« Condorcet, Voltaire, Hugo, revenez, ils sont devenus fous ! Nous ne voulons plus céder de terrain aux obscurantismes.
Les femmes et les hommes de ce nouveau siècle ont soif de liberté, d'égalité et de fraternité. La laïcité, c'est la clé de l'universel contre tous les tribalismes. »

De Démocrite à Sartre, l'athéisme aura connu une histoire aussi vieille que les dieux contre lesquels il se dresse. Voire plus ancienne si l'on tient compte des temps primitifs précédant l'éclosion des rudiments conceptuels du surnaturel. Au demeurant, un athéisme abstrait, naturel, a-t-il jamais pu s'épanouir dans les sociétés les plus archaïques? Toujours est-il qu'une fois les dieux en place, leur contestation exposa très vite ceux qui s'y risquaient aux périls les plus graves. Le décret de Diopeithês en 432 avant Jésus-Christ permettant d'engager des poursuites contre les citoyens d'Athènes coupables d'impiété inaugure un arsenal législatif qui, au fil des siècles et des religions, ira se radicalisant.

En ce sens, le livre de Georges Minois raconte d'abord le combat solitaire et inégal d'une minorité opprimée qui ne se reconnaît pas forcément dans une forme de militantisme contre Dieu, tant il est vrai que l'accusation d'athéisme a longtemps servi à confondre dans un même opprobre toutes sortes de déviances. Ce qui n'exclut pas l'existence, très tôt dans la chrétienté, d'un athéisme populaire plus ou moins contrôlé, nourri des relents d'un paganisme encore vivace et du scepticisme engendré au XVIe siècle par la folie des guerres de Religion.

Mais il faut attendre le XVIIe siècle et surtout le siècle des Lumières pour que, de moins en moins clandestine, l'incroyance, sans obtenir droit de cité, s'affirme en tant que telle. Et il n'est pas indifférent d'observer qu'elle recrute alors dans le milieu ecclésiastique, comme si les missionnaires de Dieu s'estimaient les plus autorisés à attester devant les hommes que leurs prières ne monteraient pas jusqu'à ce ciel désespérément vide vers lequel ils tendent leurs bras.

Cet ouvrage, référence pour les athées, complète utilement la collection très restreinte des travaux consacrés à l'histoire de l'athéisme. En plus des athées célèbres, l'auteur présente les « athées de village » souvent regroupés en sociétés populaires. Souvent discrets, ils furent le noyau sans lequel ne put probablement pas se propager l'élan anticlérical au XIX siècle. Par ailleurs, il met au jour un aspect mal connu de l'athéisme en Bretagne depuis la Révolution française. On y apprend entre autres, qu'Emile Combes inaugura en 1903, face à l'église de Tréguier, une statue d'Ernest Renan, en présence d'une foule qui scandait : « A bas la calotte ! » et chantait : " Viens, père Combes, viens, Ah ! Viens à Tréguier, Pour chasser les curés !"...

Georges Minois, professeur d'histoire et historien des mentalités religieuses, a écrit de nombreux ouvrages sur la culture occidentale. Il est l'auteur, entre autres, de L'Eglise et la science, histoire d'un malentendu (2 tomes), L'Eglise et la guerre, Histoire du suicide.

- Un grand catalogue d'ouvrages sur l'athéisme et la laïcité
- Des photocopies de documents rares et d'ouvrages épuisés