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Aussi
surprenant que cela puisse paraître, le mythe du Déluge et de l'arche
de Noé, commun aux 3 religions monothéistes, revêt une importance
capitale pour les défenseurs des religions. Cette page sera utile
autant aux fondamentalistes faisant une lecture littérale des écritures
qu'à ceux cherchant désespérément une concordance
historique entre les mythes bibliques et l'histoire. |
| Le
Déluge de Noé, ou les Sciences face au Mythe Le
Déluge biblique L'histoire
biblique du déluge a beaucoup influencé les travaux des premiers
géologues jusqu'à l'avènement des nouvelles théories
sur l'âge de la terre et la dérive des continents. Jusque-là,
les traces d'organismes marins et de coquillages trouvés en montagne étaient
perçus comme autant de résidus du déluge universel... Un
déluge ordonné par Dieu qui aurait submergé la terre toute
entière, éradiquant toute la faune sauf les couples embarqués
par un certain Noé dans son arche. Ce récit propose aussi que les
humains actuels seraient tous les descendants des trois fils de Noé : Sem,
Cham et Japhet. Mais avec l'avènement de la géologie moderne, ce
récit doit bien entendu être écarté du domaine de la
science pour rejoindre celui des mythes. Un mythe qui se retrouve aussi dans le
Coran.
Lire le Déluge selon la Bible (Genèse 6 à
9) Le
Déluge coranique Voici
le mythe de Noé tel qu'il est raconté par le Coran, mythe disséminé
sur différentes sourates :
71.
Sourate Noé (Nuh) . 1. Nous avons envoyé Noé vers
son peuple: 2. Il [leur] dit: « Ô mon peuple, je suis vraiment
pour vous, un avertisseur clair, 3. Adorez Allah, craignez-Le et obéissez-moi,
[...] » 5. Il dit: « Seigneur ! J'ai appelé mon peuple,
nuit et jour. 6. Mais mon appel n'a fait qu'accroître leur fuite. 21.
Noé dit: « Seigneur, ils m'ont désobéi [..] »
25. « A cause de leurs fautes, ils ont été noyés, puis
on les a fait entrer au Feu, et ils n'ont pas trouvé en dehors d'Allah,
de secoureurs ». 26. Et Noé dit: « Seigneur, ne laisse
sur la terre aucun infidèle. 27. Si Tu les laisses [en vie], ils égareront
Tes serviteurs et n'engendreront que des pécheurs infidèles ».
28. « Seigneur! Pardonne-moi, et à mes père et mère
et à celui qui entre dans ma demeure croyante, ainsi qu'aux croyants et
croyantes; et ne fait croître les injustes qu'en perdition ». |
29.
Sourate L'araignée (Al-Ankabut). 14. Et en effet, Nous avons envoyé
Noé vers son peuple. Il demeura parmi eux mille ans moins cinquante années.
Puis le déluge les emporta alors qu'ils étaient injustes. 15.
Puis Nous les sauvâmes, lui et les gens de l'arche; et Nous en fîmes
un avertissement pour l'univers. |
26. Sourate
Les poètes (As-Shuaraa) 105. Le peuple de Noé traita de
menteurs les Messagers, 117. Il dit: « Mon Seigneur, mon peuple me traite
de menteur. 118. Tranche donc clairement entre eux et moi: et sauve-moi ainsi
que ceux des croyants qui sont avec moi ». 119. Nous le sauvâmes
donc, de même que ceux qui étaient avec lui dans l'arche, pleinement
chargée. 120. Et ensuite nous noyâmes le reste (les infidèles). |
11.
Sourate Hud. 36. Et il fut révélé à Noé:
37. « Et construis l'arche sous Nos yeux et d'après Notre révélation.
Et ne M'interpelle plus au sujet des injustes, car ils vont être noyés
». 38. Et il construisait l'arche. Et chaque fois que des notables de
son peuple passaient près de lui, ils se moquaient de lui. Il dit: 39.
Et vous saurez bientôt à qui viendra un châtiment qui l'humiliera,
et sur qui s'abattra un châtiment durable! » 40. Puis, lorsque
Notre commandement vint et que le four se mit à bouillonner [d'eau], Nous
dîmes: « Or,
ceux qui avaient cru avec lui étaient peu nombreux. [...] 42. Et elle
vogua en les emportant au milieu des vagues comme des montagnes. Et Noé
appela son fils, qui restait en un lieu écarté (non loin de l'arche):
« Mon enfant, monte avec nous et ne reste pas avec les mécréants
». 43. [...] Et les vagues s'interposèrent entre les deux, et
le fils fut alors du nombre des noyés ». 44. Et il fut dit: «
Terre, absorbe ton eau! Et toi, ciel, cesse [de pleuvoir]! ». L'eau baissa,
l'ordre fut exécuté, et l'arche s'installa sur le Joudi [...]
48. Il fut dit: « Noé, débarque avec Notre sécurité
et Nos bénédictions sur toi et sur des communautés [issues]
de ceux qui sont avec toi. Et il y (en) aura des communautés auxquelles
Nous accorderons une jouissance temporaire; puis un châtiment douloureux
venant de Nous les toucheras ». 49. Voilà quelques nouvelles
de l'Inconnaissable que Nous te révélons. Tu ne les savais pas,
ni toi ni ton peuple, avant cela. Sois patient. La fin heureuse se sera aux pieux. |
17.
Sourate Le voyage nocturne (Al-Isra) 3. [Ô vous], les descendants
de ceux que Nous avons transportés dans l'arche avec Noé. Celui-ci
était vraiment un serviteur fort reconnaissant. | Vous
l'avez observé : si la science et le bon sens contredisent la Bible, ils
contredisent aussi le Coran. La lecture minutieuse du Coran et des livres de célèbres
exégètes tels Ibn Kathir et Attabari montre
que les versions islamique et chrétienne du déluge ne différent
guère... Et certains démagogues musulmans cherchent désespérément
une issue de secours pour leur religion : - En
prétendant que le déluge de Noé, selon la version Coranique,
ne fut pas universel, concernant uniquement une partie du monde, là
où vivait le peuple de Noé.
- En
expliquant qu'il ne concerne que quelques animaux domestiques (et non pas
un couple de chaque espèce) dont Noé aura besoin à la fin
de son voyage...
-
En proposant que les transgressions marines survenues dans les plaines mésopotamiennes,
il y a 7000 ans, sont les preuves "scientifiques" et "archéologiques
" du déluge.
Pour
ce qui concerne les phénomènes géologiques survenus en Mésopotamie
[ lire l'aticle ], cela pourrait démontrer
que les mythes ont souvent pour origine des phénomènes réels,
mais qu'avec le temps ils seront enrichis et nourris par l'imaginaire. Quelques
remarques concernant des contradictions sur le sujet en Islam : Selon Ibn Hicham
dans la Sirah (biographie du prophète Mohammed), Mohammed
serait approximativement le cinquantième descendant d' Adam ; soit qu'il
y aurait cinquante générations séparant Adam (le premier
homme !) et Mohammed. D'autre part, Ibn Abbas d'après Ibn Kathir
affirme qu'il y aurait dix siècles entre Adam et Noé. Si
Noé avait vécu il y a 7000 ans, d'après ceux qui parlent
des preuves archéologiques, Adam aurait ainsi vécu il y a 8000 ans...
Comparons cette date avec l'apparition des premiers Homo sapiens sapiens
il y a plus de 50 000 ans, sans compter neanderthal et leurs prédécesseurs.
Concluons provisoirement pour nos amis croyants : pour mieux comprendre les écritures
dites sacrées, il faut les voir comme un produit de la culture humaine,
et non pas comme parole d'un quelconque dieu. Ali
Hajouji [
Consulter le Mémento chronologique ] Les
Mythes de Déluge originels De
nos jours, il faut être particulièrement endoctriné et illettré
pour ignorer les autres mythes de déluge ayant précédé
ceux proposés par le Coran et la Bible.... Et dont ces derniers se
sont inspirés, pour ne pas dire "ont généreusement
pompé". En voici un échantillon, parmi les plus célèbres
et explicites. Inspiré
par les inondations dévastatrices du Tigre et de l'Euphrate,
le mythe du Déluge trouve sa version la plus complète et la plus
ancienne dans la "Genèse" paléo-babylonienne de l'humanité,
le Poème d'Atrahasis, apparu vers l'an 1700 avant J.C., copié
ou transposé ensuite pendant plus de mille ans.
Un
des plus anciens, le Poème d'Atrahasis. Créés
afin d'épargner aux dieux tout travail et de les servir, les hommes se
multiplièrent au point que leur tapage incommoda le dieu-souverain Enlil.
Celui-ci voulut leur envoyer Epidémies et Pestilence puis Sécheresse
et Famine mais, instruit par son dieu protecteur Enki/Ea, le Supersage Atrahasis,
roi de Shuruppak (Fâra aujourd'hui), se concilia les dieux responsables
des fléaux. Enlil décida décida donc de déchaîner
un déluge. Enki révéla le projet d'Enlil non pas au Supersage
en personne mais à la paroi de sa hutte de roseaux. Sur ses conseils, Atrahasis
construisit alors le bateau hermétiquement closqu'il appela Sauve-vie,
et y embarqua les siens et tous les animaux envoyés par le dieu bienveillant.
Le cataclysme dura sept jours et sept nuits. Les dieux réalisèrent
alors qu'en détruisant l'humanité ils s'étaient privés
de toute subsistance. A la fin du déluge, le bateau ayant échoué
sur une montagne, Atrahasis libéra les animaux et offrit un grand sacrifice
aux dieux affamés. Bien que rassasié lui aussi, Enlil entra en fureur
car on avait, une fois encore, désobéi à sa volonté.
Pour le calmer, Enki et la déesse-mère Nintu proposèrent
de limiter la prolifération des hommes en introduisant la mort naturelle,
la stérilité féminine, la mortalité infantile, et
en interdisant aux prêtresses de procréer. Ci-dessous
une traduction d'après J. Bottéro et S.N. Kramer, "Lorsque
les Dieux faisaient lhomme" : «
Les dieux ayant malgré tout pris la décision finale, ENKI en songe
prévint ATRAHASIS, le Supersage, un homme de bien qui avait toujours mérité
sa confiance :" ATRAHASIS, jette à bas ta maison, détourne-toi
de tes biens pour te sauver la vie . Construis un grand bateau selon l'épure
que j'ai tracée sur le sol. Cette embarcation aura forme équilatérale
de 60 mètres de coté. Le bateau sera entièrement clos et
toituré solidement. Que son calfatage soit épais et résistant.
Tu appelleras ton vaisseau Sauve-Vie. Après y avoir chargé ton froment,
tes biens, tes richesses, embarques-y ta femme, ta famille, ta parenté
et tes ouvriers ainsi que des animaux sauvages, grands et petits, et des oiseaux
du ciel ». Supersage n'avait que 7 jours pour construire Sauve-Vie. Les
siens et les animaux venaient juste d'embarquer quand un vent furieux rompit les
amarres et libéra le bateau. Alors le soubassement de la terre se décolla.
Les étoiles elles-mêmes furent déplacées. De profondes
ténèbres cachèrent le soleil. Le fracas du Déluge
épouvanta les dieux eux-mêmes, pourtant tous réfugiés
en la demeure céleste d 'ANOU. ENKI, blême de colère, vit
ses enfants emportés par les eaux. NINTU la déesse mère éclata
en sanglots : " Comment ai-je pu dans l'assemblée des dieux laisser
prendre cette décision finale ? C'est ENLIL qui, par un discours habile,
a rendu vaines mes paroles ".
Au bout de 7 jours, le vent se calma, le bateau cessa d'être ballotté.
Supersage lâcha une colombe, elle revint, ne sachant où se poser.
Il lâcha une hirondelle qui revint également. Enfin il lâcha
un corbeau qui ne revint pas. Alors Supersage lâcha tous les oiseaux.
Lorsque les eaux se furent retirées du haut de la montagne, Supersage débarqua
et prépara un banquet à la gloire d'ENKI, le dieu ingénieux
qui l'avait sauvé. L'odeur de la bonne chère attira également
les grands dieux, qui, en l'absence des hommes, n'avaient ni bu ni mangé
pendant tout ce temps. On peut supposer qu'ils n'en avaient pas vraiment besoin
pour vivre, mais que ça leur manquait quand même. ENLIL voyant alors
le bateau, entre en colère : « Nous les grands dieux nous avions
prêté serment, d'où vient alors qu'un homme ait échappé
à la destruction ? ». ENKI : " Oui, j'ai fait cela contre votre
volonté à tous, j'ai sauvé ATRAHASIS. Calme-toi ENLIL, si
tu as pu manger et te régaler, c'est bien grâce à cet homme.
Grâce à lui la race humaine peut être sauvée".
NINTU la déesse mère prit alors la parole : « ENLIL, tes
solutions sont trop définitives. Trouvons un moyen terme. Afin que la descendance
de Supersage ne perturbe plus les dieux, ENKI l'ingénieux doit bien avoir
une solution ". ENKI : " O ! Divine Matrice, nous avons donné
aux hommes presque l'immortalité, c'était inconsidéré.
Toi MAMMI, qui arrête les destins, impose donc aux hommes la mort pour qu'un
équilibre s'installe. Afin que chez eux, outre les femmes fécondes,
il y ait maintenant les infécondes, afin que chez eux sévisse la
Démone Eteigneuse pour ravir les bébés aux genoux de leurs
mères ". ENLIL approuva : " C'est entendu. Ce fut une
erreur de vouloir les exterminer. Mais que les hommes ne vivent pas au delà
de 120 années, afin qu'ils ne puissent jamais percer à jour nos
connaissances. Ainsi, ils ne seront plus une menace pour nous ! Veillons à
ce que les hommes ne s'installent jamais dans l'allégresse. Surveillons
de près leur prolifération, leur prospérité et leur
joie de vivre. Et pour cela, que chez les hommes un temps de malheur succède
toujours à une ère de bien être ". |
On
constatera à la lecture du Déluge ci-dessous, celui de l'Épopée
de Gilgamesh, combien il est proche du récit de la Bible... Mis
à part qu'il a précédé la rédaction de celle-ci
de plus de mille ans :
Le
Déluge dans l'Épopée de Gilgamesh Sauvé
du Déluge et devenu immortel, Utanapishti décrit en détail
à Gilgamesh comment il bâtit un bateau en forme de cube parfait
où il rassembla les siens et les animaux. Quand les pluies eurent cessé
et la décrue commencé, il envoya successivement, en reconnaissance
au-dessus des flots, une colombe, une hirondelle puis un corbeau qui, lui, ne
revint pas. Ayant échoué sur une montagne, il fit un sacrifice aux
dieux affamés qui, "humant la bonne odeur, s'attroupèrent comme
des mouches". Ayant décidé d'enrayer la prolifération
des hommes par l'envoi de famines, d'épidémies et de bêtes
sauvages, le grand dieu Enlil accorda cependant l'immortalité à
Utanapishti et à sa femme et les envoya " là où tous
les fleuves se rejoignent", par-delà la mer de Mort, où Gilgamesh
finit par le trouver. | Les
différents versions du Déluge lues jusqu'ici ont toutes un même
prototype, dont témoigne aussi le seul récit de cette catastrophe
écrit en sumérien qui nous soit parvenu : une tablette incomplète
découverte à Nippur, datant d'environ 1700 av. J.-C.
Le
mythe du Déluge en Sumérien,
sur tablette (texte incomplet) (Lorsque
le texte devient intelligible)
Le dieu Enki décide de protéger les hommes et de les aider
à atteindre leur plein développement en les encourageant à
construire des sanctuaires, des villes des systèmes de canalisations et
d'irrigation, en instaurant la royauté et des lois sociales, en leur assignant
des capitales (Eridu, Badtibira, Sippar, Shuruppak
) Ayant dû,
de toute évidence, jurer de ne pas révéler le Déluge
projeté par les dieux An et Enlil (une
cassure de la tablette ne permet pas d'en connaître la cause), Enki
parvient néanmoins à en avertir son dévot, le pieux roi Ziusudra,
"vie de jours prolongés", en s'adressant à la paroi du
temple où celui-ci se recueille ; (après une
nouvelle cassure de la tablette), on retrouve Ziusudra dans son bateau
balloté sur les eaux pendant sept jours et sept nuits. Puis Utu,
le soleil, réapparaît, illuminant l'intérieur de l'embarcation
grâce à une ouverture pratiquée par le roi qui se prosterne
devant lui et lui offre un sacrifice. (Après une
nouvelle cassure), on voit An et Enlil, ayant pris Ziusudra en affection,
lui accorder l'immortalité et l'installer "là où se
lève le soleil". | Cela
vous paraît-il plus évident maintenant ? Le Déluge des 3 grandes
religions dites "monothéistes" est directement copié de
mythes suméro-babyloniens polythéistes l'ayant
précédé... De la simple retrancription. Mais
voici d'autres exemples de déluges, très ressemblants pour certains,
et très différents pour d'autres, avec d'autant plus de similitudes
si la culture dont ils sont l'origine est géographiquement proche l'une
de l'autre :
Récit
de déluge dans le Satapatha Brahmana, le Mythe
de Manu ou Satyaavrata (le 1er homme). En Inde, Manu est sauvé
du déluge par un poisson, ce poisson tire le bateau de Manu jusquà
une montagne ou prévenu de l'imminence d'un déluge par Vichnou,
qui a pris la forme d'un poisson, selon d'autres récits. Sur les conseils
du dieu, l'ascète construit un bateau pour abriter les espèces vivant
à la surface du monde ; il échoue sur une montagne après
le reflux des eaux. Dans certaines versions, l'ascète lâche un oiseau,
qui revient branchage au bec... Au
total, 13 récits différents viennent d'Asie, et neuf d'Océanie,
surtout d'Australie... Le déluge australien est provoqué par un
dieu grenouille (lunaire) qui, ayant bu les eaux de la terre, les recrache brusquement. Récits
de Déluge en Amérique. 14 versions en Amérique du Sud donnent
comme origine du cataclysme la brouille entre les deux dieux jumeaux fondateurs
du monde ; l'un d'eux, frappant du pied sur le sol, fait jaillir les eaux qui
viennent recouvrir le monde entier. 7 autres d'Amérique centrale, et
16 récits d'Amérique du nord donnent pour origine au déluge
universel de fortes pluies...
Une dernière curieuse tradition des méso-américains : Selon
eux, ils descendraient d'un autre peuple, les hommes artisans, disparus il y a
longtemps dans un déluge. Les méso-américains étaient
sensibilisés par la fragilité du monde. Selon eux, celui-ci n'était
qu'une suite de constructions et de destructions, dont notre monde serait le cinquième
épisode. Leur tradition expliquait qu'il y avait eu cinq mondes. Le premier
avait été détruit par les jaguars, le second avait été
détruit par un souffle transformant tous les hommes en singes, le troisième
avait été détruit par une pluie de feu. Le quatrième
avait été détruit par un déluge qui a duré
52 ans ... | Une
question se pose maintenant, tous ces déluges mythiques ont-ils été
inspirés d'inondations bien réelles, comme celles que subissait
la Mésopotamie par des débordements du Tigre et de l'Euphrate, par
ex.? Ou de cataclysmes plus violents, tel celui décrit par la récente
hypothèse des géologues William Ryan et Walter Pitman ? Bien
sûr que non, ils ont été inventés indépendamment
dans au moins trois continents, alors que d'autres ont de nettes concordances
les uns les autres, mais toujours en relation avec une parenté géographique.
Mais quelles "inondations
diluviennes" les aborigènes d'Australie auraient-ils connues ? Et
par quel moyen de communication magique, ou radio-émetteur d'ondes longues,
ces mêmes aborigènes, qui entrèrent en Australie il y a environ
40'000 ans, auraient-ils eu vent du déluge universel entre le Tigre et
l'Euphrate survenu il y a quelques millénaires, derrière la colline,
dont ils relatent une version par ailleurs totalement différente ?
Rappellons-nous que les Aborigènes ne parlent pas aux mêmes dieux,
ni ne dansent sur les mêmes musiques... Si l'on en croit l'archéologie
et la géologie, les mésoaméricains, descendants d'Asiatiques
qui rejoignirent le Nouveau Monde par le détroit de Behring, avaient eux
aussi coupé le contact avec l'Ancien Monde bien avant le supposé
déluge mésopotamien, à l'origine des "mythes diluviens"...
Et pourtant, ils parlent eux aussi de déluge, d'un déluge très
différent des autres...
Le
Déluge et la Mer Noire Des
preuves de plus en plus convaincantes semblent indiquer qu'il y eut un "déluge"
localisé au niveau de la Mer Noire, mais pas n'importe quelle inondation
comme il pouvait s'en passer si souvent en Mésopotamie, aussi violentes
fussent-elles. Ici, l'échelle de l'inondation est sans commune mesure avec
une inondation causée par l'Euphrate ou le Nil, et, c'est
précisément pour cette raison que l'on peut effectivement parler
de déluge.
Mais
de quoi s'agit-il au juste ? Il y a environ 7500 ans un cataclysme submergea
la Mer Noire et ses bords. Or, 7500 ans, ce n'est pas si loin des temps dits historiques
(= apparition de l'écriture, env. 3500av J.C), suffisamment proche en tous
cas pour que l'on s'en souvienne et qu'on en fasse un mythe. Alors
que l'ère glacière touchait à sa fin il y a de cela 12000
ans, la Mer Noire n'était alors qu'un lac d'eau douce, moins grand d'ailleurs
que la Mer Noire actuelle. Tandis que les glaciers fondaient durant les millénaires
suivants, le niveau global des mers montaient progressivement mais sûrement
; on pensait jusqu'à maintenant que le niveau de la Mer Noire était
monté de la même manière. Il semblerait qu'en fait ce soit
un barrage naturel à l'endroit actuel du Bosphore qui ait retenu les eaux
montantes de la Mer de Marmara jusqu'au jour où le barrage céda,
laissant se déverser dans la Mer Noire, alors 150 mètres en contrebas,
de un à deux mille mètres cubes d'eau de mer par jour !! La mer
aurait donc progressé dans les terres de 1 à 2 kilomètres
par jour, et ce, pendant des mois, forçant ainsi les habitants à
fuir. Cette
théorie fut présentée pour la première fois en 1993
par les géologues des fonds marins William Ryan et Walter Pitman,
suite à leur découverte, au large des côtes nord de la Mer
Noire, de sédiments et de faunes marines tendant à suggérer
l'existence d'un tel déluge. A l'appui de cette théorie, durant
l'été 1999, l'explorateur des fonds marins Bob Ballard découvrit
une plage sous 150 mètres d'eau à proximité des côtes
sud de la Mer Noire. Les sédiments contenaient des roches et des coquillages
qui indiquaient que l'eau douce du lac avait été submergée
par de l'eau de mer. En effet, dans les sédiments se trouvaient à
la fois des coquillages d'eau douce vieux de 7800 ans et des coquillages d'eau
de mer datant seulement de 7300 ans. Il y avait donc bien eu un lac avant la
mer. Encouragé
par cette découverte, Ballard projette de monter une expédition
pour trouver des traces de présence humaine le long des bords inondés
de la Mer Noire... [ extrait de http://home.nordnet.fr/~caparisot/html/mernoir.html
] | Il
est tout à fait raisonnable d'imaginer que cette invasion - par l'eau de
mer - d'un lac d'eau douce, puisse être à l'origine de mythes diluviens
de cette région du monde. Mais il est tout aussi raisonnable d'imaginer
que l'inondation d'un village, la noyade d'un enfant, ou un rêve de vieil
ivrogne ait pu fleurir l'imaginaire de nos ancêtres d'où le début
d'un mythe a pu germer, car un "cataclysme originel" ne pourra pas être
un dénominateur commun à tous les mythes de déluges si différents
pour certains, dont le seul point commun entre eux est la matière première,
l'eau... Tenter de remplacer la version littérale d'un "déluge
universel divin" par un fait historique géologique déterminé
est une démarche tendancieuse, voire quelque peu dogmatique. Deux
questions pour conclure d'un point de vue rationnel : Est-il vraiment indispensable
de trouver une cause originelle historique pour expliquer LE mythe diluvien unique
qui, en réalité, n'a jamais existé ? Les groupes d'hommes
seraient-ils incapables d'inventer un mythe de déluge inspiré par
un événement local, une mare ou un ruisseau, chacun dans sa région,
et indépendamment les uns des autres ? Certes non, un enfant en est
très capable, les enfants ont de l'imagination... Mais les adultes aussi
: qu'en est-il de l'Atlantide, le continent disparu ? Combien de livres, de films,
d'oeuvres poétiques et artistiques, ce mythe du continent englouti - dont
un seul et bref paragraphe de Platon en suggère l'existence par l'affirmation
de sa disparition - n'a-t-il pas inspirés ? Et pourtant, la chaîne
de l'Atlas (Maroc) se nomme ainsi suite à ce murmure d'une célébrité
grecque ; les Touaregs se prétendent descendants des Atlantes, suite à
cette phrase de Platon. Et ainsi de suite depuis plus de 2000 ans. R.T
& S.K. Sûryâ
Krishnan Rafael Terrón Sources
: Roy Willis - Mythologies du monde entier. Bordas 1994 H.
H. Hofstätter & H. Pixa - Histoire Comparée des Civilisations.
Tome I, R.Laffont, 1962 A. Pasquel & F. Guevara - Subconsciente colectivo,
mitos y sueños. Ediciones del H.U.P. Cienfuegos, 1977 Jean Bottéro
& Samuel Noah Kramer - Lorsque les dieux faisaient l'homme. Gallimard,
1989 |