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Les
croyants épris d'absolu et de Vérité sont les premières
victimes d'escroqueries intellectuelles. Sous un fragile vernis scientifique,
de grossières contre-vérités visant à dénigrer
la science et les résultats de la recherche scientifique sont véhiculées
et répétées par des leaders religieux qui gagnent bien plus
en vendant la foi que les chercheurs en présentant leurs résultats.
Le négationnisme mercantile des prosélytes religieux est aussi efficace
que la peur du jugement dernier. | |
Évolution
& Phylogénie
Introduction
Ces
pages ont pour objectif d'initier quelque peu à la Phylogénie,
discipline étudiant le développement d'une lignée animale
ou végétale au cours de son évolution, ou phylogenèse,
et de la faire apprécier. Par quelques éléments clé,
sans être exhaustifs ni ennuyeux, on va tenter d'introduire - au fil des
pages - des notions plus précises qui seront complétées par
des liens vers des sites apportant des compléments d'information. Les
spécialités qu'englobe la reconstitution phylogénique
des espèces sont vastes. Elles peuvent sembler a priori rébarbatives
et secondaires aux amoureux de la nature qui, souvent, s'en désintéresseront.
Mais la phylogénie est d'un tel intérêt, d'une importance
si capitale pour la compréhension du vivant et de son histoire, qu'elle
en est devenue une discipline à part entière dont les découvertes
sont indispensables et complémentaires dans d'autres spécialisations,
notamment la zoologie, la paléontologie et la physiologie du développement,
qui s'imbriquent totalement. La notion d' Évolution reviendra constamment
dans ces pages car sans elle rien n'aurait vraiment de sens.
Amérique
du Sud | Amérique
du Nord | Ancien
Monde | | | | Un
arbre phylogénétique,
comme celui des Equidae (celui proposé ci-contre est un arbre incomplet
et simplifié, dont des détails peuvent être révisés),
c'est-à-dire des chevaux, ânes, hémiones ou zèbres
actuels et de leurs ancêtres, a parfois été présenté
comme le prototype d'une évolution orthogénétique,
c'est-à-dire en ligne droite. À partir de l'ancêtre Hyracotherium,
petit et pourvu de quatre et trois doigts aux membres respectivement antérieur
et postérieur, l'évolution aurait conduit par une augmentation de
taille et une réduction des doigts latéraux jusqu'au cheval actuel.
En fait, l'augmentation de taille peut être inversée dans certaines
lignées (Nannippus), la disparition des doigts latéraux n'est
pas progressive et la lignée qui conduit au cheval résulte d'une
bifurcation évolutive pendant le Miocène moyen; cette bifurcation
coïncide avec le développement des prairies de graminées: les
équidés sont devenus brouteurs. Un
pareil "arbre" ne se trouve bien entendu pas dans les forêts,
ni ne se calcule, ni se démontre facilement, il est reconstitué
grâce à différentes techniques qui se complètent et
se confirment, et parfois s'infirment ... Et il n'est jamais vraiment définitif.
Un arbre phylogénétique est toujours susceptible de modifications
et/ou d'ajustements par de nouvelles découvertes ou des recherches plus
approfondies.. Examinons-en quelques exemples. Détermination
de la phylogénie par l'embryologie, l'embryogenèse.
Les embryons
de vertébrés aussi différents que les poissons, les salamandres,
les souris, les moutons et les hommes se ressemblent beaucoup au début
de leur développement. La mouche drosophile en revanche suit un tout autre
chemin, mais elle possède un ensemble de gènes homéotiques
analogues aux gènes "Hox" des vertébrés, et qui
s'expriment selon le même patron à un stade précoce de l'embryogenèse.
Ces gènes déterminent l'identité des structures le long de
l'axe. Ce
qu'il faut observer dans les schémas ci-dessous c'est, d'une part, les
ressemblances au niveau génétique et embryologique entre
les deux embranchements illustrés : l'embranchement des Arthropodes représenté
par la mouche (à gauche) et celui des Chordés, représenté
par les embryons et foetus de cinq vertébrés (taxon inclus dans
l'embranchement des chordés, à droite) ; et d'autre part leurs différences,
toujours au niveau génétique et embryologique. Ces différences/ressemblances
dénotent clairement de l'origine commune ancienne de toutes ces créatures,
ainsi que de leur séparation ultérieure, en deux embranchements
bien distincts, Arthropodes et Chordés. Et
ce qu'il faut comprendre - pour terminer cette introduction - est la multidisciplinarité
de la reconstitution phylogénique. Par l'embryologie
et la génétique, nous avons réussi à supposer la "piste",
et proposer l'hypothèse de deux souches séparées ayant une
origine commune. Cette hypothèse doit être maintenant corroborée
par d'autres observations qui la valideront et la compléteront, ce qui
est effectivement le cas : L'anatomie comparée de l'animal à
l'état adulte en est une, l'examen des fossiles de créatures
similaires, et leur localisation dans les strates, en est une autre. On
abordera ces dernières avec d'autres exemples dans des chapitres ultérieurs.
Drosophile |
Requin |
Grenouille |
Oiseau |
Chien |
Dauphin |
Homme |
| | La
Cladistique, nouvelle méthode de classification Du
grec Klados = branche, la nouvelle méthode de classification appelée
cladistique et les plus récentes recherches par comparaison du caryotype (arrangement
et nombre des chromosomes) et moléculaire ont bouleversé la classification "traditionnelle".
Issue de l'œuvre de
l'entomologiste allemand Willi Hennig (1913-1976), la cladistique étudie
les branchements évolutifs qui ont abouti, à partir de la 1re forme de vie apparue
sur terre il y a environ 3,4 milliards d'années, à la différenciation des 2 millions
d'espèces vivantes répertoriées aujourd'hui (il en existe sans doute 10 fois plus),
sans compter les fossiles. Les évolutionnistes ont toujours analysé les caractères
des espèces vivantes et fossiles afin de reconnaître leurs homologies, c'est-à-dire
les ressemblances entre espèces en raison de leur ascendance commune, mais la
cladistique vise cependant, avant tout, à déterminer "qui
est apparenté à qui", plutôt que "qui descend
de qui"...
Tortues | Lépidosauriens | Oiseaux | Compsognathus | Crocodiles | Monotrèmes | Marsupiaux | Placentaires |
| |
|
Relations
de parenté
des amniotes actuels avec l'inclusion d'un fossile: Compsognathus. Si un
crocodile ressemble à un lézard (groupe des lépidosauriens),
ce n'est qu'en raison de nombreux caractères restés primitifs (hérités
des ancêtres 1, 2 ou 3) mais non en raison d'une parenté phylogénétique
étroite. Au contraire, crocodiles et oiseaux sont étroitement apparentés,
quoique peu ressemblants. C'est pourquoi la classe des Reptilia (2), faute d'inclure
les oiseaux, n'est pas un concept phylogénétique. Les fossiles qu'on
appelle dinosaures (ici représentés par Compsognathus) effacent
l'hiatus morphologique qui sépare dans la nature actuelle oiseaux et crocodiles.
De même que les chauves-souris sont des mammifères aériens,
les oiseaux sont des dinosaures adaptés au vol. Compsognathus n'est
pas pour autant l'ancêtre des oiseaux. Le
double constat de Hennig, les Synapomorphies A.
Tous les caractères n'évoluent pas à la même vitesse.
Exemple: les 5 doigts à la main et au pied chez l'homme, apparus
déjà à l'époque des premiers amphibiens ; et la bipédie, apparue il y a seulement
5 millions d'années. B.
Seul le partage de caractères dont l'état s'est transformé
est signe d'une parenté étroite (homologie phylogénétique ou synapomorphie).
A contrario, les caractères restés à l'état primitif (ou symplésiomorphies)
ne témoignent pas d'une parenté étroite Exemple:
les reptiles ne possèdent en commun que des caractères d'amniotes (œuf entouré
d'une membrane); leurs caractères transformés, ils les partagent avec les oiseaux.
Les reptiles ne forment donc pas un clade - groupe comprenant la totalité des
descendants d'une espèce ancestrale. Ainsi un crocodile est plus étroitement
apparenté aux oiseaux qu'aux lézards, bien qu'il ressemble plus par son aspect
à un iguane qu'à un moineau.
La
méthode cladistique est donc une méthode de reconstitution de
la relation de parenté entre les êtres vivants présentant
une "forme différente" avec des algorithmes fondés
sur le principe de parcimonie : recherche de l'arbre le plus court parmi les
typologies possibles, soit celui ayant le minimum de transformations dans l'évolution.
On classait auparavant
les organismes en se fondant sur leurs ressemblances et sur leurs différences
: on excluait une espèce d'un groupe quand elle présentait des caractères
absents chez les autres membres du groupe. En revanche, la cladistique propose
des groupements fondés seulement sur les caractères importants.
Cette méthode s'appuie sur le précepte néodarwinien selon
lequel l'évolution résulte de mutations et de sélections
: de nouveaux caractères apparus au hasard des mutations dans un organisme
se retrouvent dans un nombre de plus en plus grand d'individus quand ils favorisent
la survie et la reproduction de ceux-ci ayant plus de descendants, les individus
les mieux adaptés transmettent davantage les gènes qui codent leurs
adaptations favorables. Deux groupes d'animaux qui partagent un ensemble de ces
caractères nouveaux, ou "dérivés", sont
plus proches l'un de l'autre qu'ils ne le sont de groupes présentant les
caractères originaux, mais pas les caractères dérivés.
On détermine donc les relations qui unissent les organismes par l'identification
de ces caractères dérivés. Les résultats des analyses
cladistiques, qui portent généralement sur de nombreux caractères,
sont présentés sur un diagramme nommé cladogramme, dont les
arborescences indiquent l'ordre d'apparition des caractères et des nouveaux
groupes. Chaque embranchement correspond à l'apparition d'un groupe fondateur
qui possède des caractères dérivés, absents des groupes
précédents. Cet ancêtre et tous ses descendants forment un
groupe étroitement apparenté, nommé "clade".
Les schémas ci-dessous permettent de mieux comprendre ce principe, mais
on se servira d'exemples concrets dans le chapitre sur l' Archaeopteryx [Voir
chapitre Archaeopteryx ]. Exemples
de clades ¬
Paraphylétique | Monophylétique | Polyphylétique |
A.
Paraphylie : Réunir des espaces partageant des caractères primitifs
(plésiomorphes) ne prouve pas la proche parenté entre ces
espèces (symplésiomorphie). Dans deux lignées indépendantes
on peut aboutir à un même état apomorphe adaptatif sans que
cela ait une signification phylétique (paraphylie). B.
Monophylie : En revanche, deux espèces sont monophylétiques
si elles dérivent d'un ancêtre commun et possèdent en
commun des caractères dérivés (apomorphes) évolués
(synapomorphie). C.
Polyphylie : Réunir des espèces d'après les caractères
de convergence revient aussi à créer un groupe artificiel (polyphylétique). (Légende
d'après Panorama de la biologie, 1999, Puytorac)
Nous l'avons déjà signalé, la phylogénie n'exprime
pas la notion d'ancêtre à descendant ("qui descend de qui")
mais la notion de parenté ("qui est plus proche de qui"),
il va de soi en revanche que les relations de parenté phylogénique
entre des lignées d'aspect plus ou moins différent, dépendent
de, et impliquent deux prérequis au moins : des ancêtres en commun
et l' évolution des créatures vivantes... Seuls donc les
clades monophylétiques (en noir) sont valables pour notre propos sur l'évolution,
car ses ensembles constitués sont de véritables Taxons (ou
clades => l'ensemble des descendants d'un même ancêtre). Les ancêtres
communs (hypothétiques sur le schéma) desquels ont divergé
les différents taxons sont situés sur les noeuds (représentés
sur l'image par des cercles rouges ou blancs) ; les générations
d'ancêtres successifs étant représentées par les lignes
noires continues. Une évolution du vivant déduite, aidée
d'outils mathématiques comme la cladistique - qui permet même de
prédire des caractères - mais étayée par des éléments
concrets ; et reconstituée de plus en plus précisément. Quelques
Facteurs d'Évolution
¬
Divers facteurs d'évolution existent.
De mieux en mieux compris car observés, expérimentés et modélisés
mathématiquement ; on pourrait aussi les appeler moteurs ou agents. Les
principaux sont la mutabilité, ou faculté de transformation
des facteurs héréditaires, la fluctuation de l'effectif des populations,
ou changement du nombre de reproducteurs à l'intérieur d'une population
; la colonisation, ou implantation dans des niches écologiques,
ou biotopes ; l'isolement, ou séparation reproductive d'un petit
groupe avec son espèce souche (panmixie), cet isolement pouvant être
géographique mais aussi éthologique (comportemental) ; la sélection,
naturelle ou artificielle (sous l'effet de la domestication et de l'élevage)
; plus quelques autres. On
différencie parfois micro et macro évolution, l'une
portant sur l'évolution par petites variations (la fréquence des
allèles par ex., ou des reproducteurs ) au sein d'une population ; la macroévolution
désignant plutôt l'apparition de nouvelles espèces, voire
de nouvelles classes ou embranchements ou grands sauts évolutifs (organismes
avec un plan d'organisation différent)... Ces deux processus sont ici séparés
dans un but descriptif, mais ces distinctions sont quelque peu artificielles.
Au fil des découvertes biologiques, la frontière entre eux s'atténue,
et les termes tels qu' évolution intraspécifique et spéciation
sont tout aussi pertinents et plus explicites dans la plupart des situations typiques
de l'évolution. Cela se discute. Les mécanismes évolutifs
portent sur tout "objet" du vivant et les grands bouleversements, tels
l'apparition de nouveaux organes, s'expliquent bien mieux de nos jours grâce
notamment aux acquis de l'embryologie, de la biologie moléculaire,
et du rôle des gènes du développement, architectes, par des
gènes et protéines commandant ou inhibant d'autres gènes,
etc. Il y a donc évolution du vivant sous différentes modalités
- le rôle du hasard, des mutations, de la pression de la sélection,
des contraintes mécaniques, des autres facteurs ou événements
contingents - devant se déterminer au cas par cas... Et surtout, les différents
moteurs jouent le rôle de cofacteurs qui s'imbriquent sans que l'on
puisse délimiter aisément les uns par rapport aux autres. Les
mutations sont
des modification aléatoires du matériel génétique,
pouvant survenir à différents niveaux de l'organisme et être
déclenchées par divers facteurs. Elles sont une source de
nouveauté provoquées par des rayons cosmiques, des radiations, des
substances chimiques ou même par des infections, etc. Une erreur très
répandue consiste en l'association entre mutation et maladie, ou entre
mutation et caractère défavorable : une mutation, si elle s'exprime
sur le phénotype, peut résulter neutre, favorable (si
le milieu lui est favorable), ou défavorable (si le milieu lui est
défavorable), par la pression de la sélection, car c'est
elle qui en "décidera" a posteriori... Dans la mesure où
les conséquences de cette mutation permettent à un organisme de
mieux s'adapter à son milieu et d'augmenter ses chances de reproduction.
La plupart des mutations observées sont des variations neutres
(1)
de séquence dans les régions intergéniques, et bien que les
termes «neutre», «défavorable» et «favorable»
soient consensuels, ce ne sont néanmoins que des qualificatifs et considérations
plutôt subjectives, bien pratiques néanmoins pour des réflexions
évolutives. Des termes appliqués sur des variations qui peuvent
être ou sembler favorables à un moment donné, mais
résulter défavorables quelques décennies plus tard...
Le terme «mutations neutres» par exemple, est d'autant plus ambigü
que les mutations dites neutres comprennent aussi bien des variations apparemment
non exprimées (1)
sur le phénotype que des caractères sans incidence notable
sur l'organisme - incluant la redondance du code, c-à-dire plusieurs codons
donnant le même acide aminé (2).
Or le polymorphisme d'une espèce est justement dû à ces variations,
et est pourtant très bénéfique à sa bonne santé
générale pour sa potentialité adaptative. On pourrait donc
considérer une partie de ces mutations "neutres" comme adaptativement
bénéfiques... Une
mutation, qu'elle soit par substitution, addition ou délétion d'une
ou de plusieurs paires de bases (à l'origine de mutations silencieuses,
non-sens, polaires, faux-sens, et du décalage de cadre de lecture), se
maintiendra au fil des générations dans la descendance sous certaines
conditions : que l'individu muté se reproduise après la mutation,
ce qui coule de source, et - pour les organismes à gamétogénèse/méïose
- que la mutation ait lieu dans une cellule reproductrice, ou au moment
de la reproduction effective suite à des accidents de redistribution chromosomique,
de réplication des gènes, etc., mais non pas dans une cellule
somatique. Une modification dans cette dernière n'affectera que l'individu,
et pas sa descendance. Les mutations (à
l'expression) défavorable sont généralement récessives
(voir allèles et récessivité). C'est plus une conséquence
évolutive qu'une loi génétique/biologique : une mutation
dominante donnant un caractère handicapant à l'organisme sera très
rapidement éliminée par la sélection naturelle, vu qu'elle
s'exprime sur le phénotype. Ce qui n'est pas le cas des mutations récessives
(non exprimées à l'état hétérozygote), et qui
se répandront incognito dans la population (voir gènes hétéro-homozygotes)
en passant indemnes sous le filtrage d'une sélection naturelle s'appliquant
avant tout sur le phénotype. Le terme mutations comprend aussi toute
erreur de réplication des gènes qui serait passée
outre les efficaces mécanismes de réparation, lors de la
division cellulaire. Les maladies chromosomiques ne sont pas toujours appelées
"mutations" mais sont souvent issues d'erreurs de duplication lors de
la redistribution (inversion, translocation, délétion, changement
du nombre de chromosomes). Bien entendu, pour que la mutation soit un possible
agent de l'évolution, il faut aussi que l'organisme transmette ces mutations
à sa descendance ! Il y a en effet (grosso modo) 50% de chances
que ces variations soient perdues, puisqu'on n'hérite normalement que la
moitié des gènes des deux parents. Cette perte étant en partie
"compensée" dans une population, par l'apport de nouveauté
des mutations.
Qu'est-ce
qu'une maladie génétique ? Une maladie chromosomique ?
Toute maladie due à des anomalies sur un ou plusieurs chromosomes
qui, transmises à la descendance, entraîneront un dysfonctionnement
de l'organisme résultant pathologique, peut être appelée maladie
génétique. Comme pour tout caractère déterminé
par les gènes, elles sont dominantes ou récessives (allèles)
et, en fonction de la position du gène (locus) responsable (sur chromosomes
sexuels ou autosomes), elles seront respectivement dites gonosomales ou autosomiques.
Bénignes ou graves, ce sont généralement des affections à
vie pouvant être transmises à la descendance selon les modalités
héréditaires connues. En
revanche, les maladies chromosomiques sont
dues à une anomalie morphologique du chromosome qui n'a pas été
transmise par les ascendants, et dont les causes peuvent êtres diverses
(irradiation, toxiques, etc.) lors de la division cellulaire des cellules souche
ou lors des premières cellules (divisions) de l'embryon. |
Exemple
de mutation. Les mouches dont un gène
"Deformed" est muté présentent diverses
anomalies de la tête, par exemple l'absence de la moitié inférieure
des yeux. On provoque les mêmes anomalies quand on fait produire à
la mouche immature la protéine HOXD4. Cette protéine ressemble à
la protéine Deformed et semble avoir la même fonction. (1)
Jusqu'à très récemment, la plus grande partie de l'ADN (plus
de 3 milliards de paires de bases chez l'humain ), était considéré
comme de "l'ADN poubelle", sans fonction significative ou connue.
Des chercheurs viennent de démontrer (juin 2007) sur une partie représentative
du génome, que même les ADN non-codants (ne codant pas pour des protéines
s'entend) sont presque tous transcrits en ARN, et ont en outre des fonctions non
négligeables : les ARN non-codants régulent très spécifiquement
l'expression protéique. (2) Pour l'anecdote, citons
aussi l'existence de mutations dites "reverse", dont la protéine
d'un gène muté peut retrouver toute, ou une grande partie de sa
fonctionnalité perdue.
La sexualité
est aussi un moteur (ou agent), ou facteur d'évolution
très connu et apprécié, bien qu'elle soit plus directement
décisive pour la survie de l'espèce en permettant la redistribution
du matériel génétique sur la descendance, proposant ainsi
une variété infinie de "possibilités" de nouvelles
créatures ; toujours dans les limites des variantes du patrimoine
génétique parental.
Les
populations à reproduction sexuée ont des avantages mais aussi des
inconvénients par rapport aux asexuées. La sexualité est
énergétiquement assez coûteuse (méïose, mâles,
etc.), mais compense peut-être ce déficit par un potentiel adaptatif
supérieur, dû aux mutations qui peuvent plus rapidement être
cumulées par la redistribution déjà citée : celle
des chromosomes (ou ségrégation) entre individus, et celle
entre chromosomes lors de la méïose, c'est-à-dire la
recombinaison. Il
existe de multiples formes de duplication des êtres vivants leur assurant
la pérennité à travers les générations
successives, comme la reproduction asexuée par bourgeonnement, par spores
(champignons), etc. Et il existe encore plus de différentes variantes de
divisions et d'unions cellulaires (l'expression biologique de la
sexualité) ; allant du simple échange de plasmide (boucle d'ADN
se trouvant dans le cytoplasme) de la bactérie, jusqu'à la très
sophistiquée sexualité de certaines orchidées, en passant
par les très érotiques accouplements des grues, ou ceux plus acrobatiques
des humains, représentés dans les sculptures hindoues ou les miniatures
iraniennes... Mais
il existe bien entendu de multiples exceptions, comme les rotifères bdelloïdes
(embranchement des Rotifera), qui n'ont jamais, semble-t-il, de reproduction sexuée,
et se reproduisent par clonage depuis au moins 40 millions d'années. Les
bdelloïdes, même s'ils se copient à l'identique d'une génération
à l'autre, donc avec une apparente difficulté à évoluer,
se portent tout de même très bien, ce sont des organismes particulièrement
résistants. Le clonage, par ailleurs, est chose fréquente dans
la nature (toutes nos cellules se clonent par mitose), et les vrais jumeaux humains
sont aussi des clones, bien que leur duplication à l'identique se situe
à un autre niveau.
Qu'est-ce
qu'un Clone ? Deux êtres vivants
ayant le même patrimoine génétique sont des clones. Le mot
"clone" désigne indifféremment ces individus ou, éventuellement,
la population qu'ils constituent. Mais il y a clone et clone dans la nature. Diverses
espèces de végétaux se reproduisent principalement ou accessoirement
par clonage. On parle alors de multiplication végétative. C'est
le cas des fraises des bois, de la pomme de terre ou de l'herbe (qui se reproduit
uniquement de cette façon lorsqu'elle est tondue). Les bactéries,
les amibes et de multiples animaux simples se reproduisent par simple division
cellulaire ce qui n'exclut pas la survenue de mutations au cours des générations.
Certains animaux se reproduisent par parthénogenèse, à partir
d'un uf non fertilisé (autre forme de clonage). Une sorte de parthénogenèse
(apomixie) se rencontre aussi chez les végétaux. Ainsi les ronces
et certains rosiers se reproduisent le plus souvent à partir de cellules
femelles. Il existe même des mammifères pour ne produire que
des clones : c'est le cas des diverses espèces de tatous, dont l'oeuf se
divise pour donner jusqu'à douze clones. Rappelons enfin que les jumeaux
vrais sont des clones l'un de l'autre. Chez les mammifères cependant, contrairement
aux végétaux et à beaucoup d'animaux simples, les clones
ne sont pas la copie d'un adulte. Du moins pas à l'état naturel. |
Il
existe bien d'autres facteurs ayant conduit à la biodiversité actuelle.
Mais déjà rien que ceux abordés dans cette page, la duplication
cellulaire, la redistribution du patrimoine génétique (par la reproduction
sexuée), et les erreurs accumulées (les mutations), permettent d'infimes
ou de grandes variations d'une génération à l'autre qui au
fil du temps, modifient et diversifient les représentants du "vivant",
leur permettant de s'adapter et/ou de se spécialiser dans leur environnement.
L'évolution est constatée. Un
exemple de spécialisation
¬
Les carnivores sont normalement adaptés à un régime carné
dont les formes primitives possèdent une denture équilibrée
entre une partie coupante destinée à trancher la viande et une partie
broyeuse pouvant malaxer d'autres aliments.
Ce
type de denture se retrouve, par exemple, chez le chien ou le renard.
D'autres carnivores sont plus spécialisés dans un sens hypercarnivore
(alimentation uniquement carnée) et leur denture a développé
la fonction sécante (chats, lion, panthère). D'autres enfin
sont hypocarnivores (la viande ne représente qu'une faible part de l'alimentation)
et la partie broyeuse de la denture est devenue prépondérante. C'est
le cas de l'ours brun, du grand panda qui est entièrement végétarien
et du raton laveur. Les espèces très spécialisées
paraissent incapables de saisir les opportunités évolutives.
Fossiles
et préhistoire
|
Les
fossiles sont des documents historiques témoignant de l'évolution
de la vie sur Terre, les meilleures preuves de l'évolution ; mais ils sont
aussi biologiques, d'un grand intérêt pour la compréhension
de la vie moderne. Pour la zoologie et la botanique, ils sont une extension énorme
à ce que nous connaissons sur les formes de vie, en y incluant des plantes
et des animaux éteints depuis très longtemps. Tel
est bien l'un des objets de la paléontologie ou science des fossiles, et
actuellement, la paléontologie a une vision générale du développement
de la vie organisée - à un niveau élevé - durant presque
600 millions d'années. Le mot fossile vient du latin "fodere"
(creuser) qui originairement signifiait « tout ce qui est extrait ou
découvert dans le sol ». La tâche du paléontologue
est de déduire la vie des temps préhistoriques par l'étude
des fossiles. De nos jours, le terme fossiles comprend non seulement les
restes des organismes mais aussi les vestiges de leur activité, soit leurs
traces : animaux ou végétaux des temps passés enfouis dans
les sédiments, des os, des dents, des coquilles, des empreintes de feuilles,
des traces de pas dans la boue, de simples trous de vers dans le sable, etc.
Une fois mort, un organisme se désagrège,
généralement en des substances inorganiques, et il ne restera rien
de lui. La fossilisation représente une exception à cette règle
générale et plusieurs facteurs simultanés doivent agir pour
que ce processus soit possible.
|
Une
des conditions préalables importante est que le cadavre soit rapidement
recouvert et protégé de l'exposition à l'air, de manière
à interrompre les processus naturels de décomposition. L'eau
et l'oxygène de l'air sont à l'origine de la décomposition.
Si celle-ci est retardée, il est alors possible que s'infiltrent d'autres
substances minérales qui en sédimentant formeront un moule, et très
rarement si ce procédé est rapide, les parties molles de l'organisme
pourront être moulées : Une aide précieuse pour les spécialistes
de l'anatomie. Les os et d'autres parties dures sont imprégnés
de solutions minérales. Par conséquent, les fossiles sont des structures
"pétrifiées", constituées de matière
inorganique et non pas par la matière organique originelle. Ils conservent
nonobstant la structure originale, et parfois jusque dans ses détails les
plus fins. Le
type de minéralisation qui se produit dépend de l'environnement
¬
- La chaux se forme à partir de la boue marine calcaire. Sa composition
est à base de calcite ou de carbonate de calcium (CaC03). - Les réservoirs
sablonneux sont transformés en pierre sablonneuse ; les os généralement
se silicifient, ce qui signifie qu'ils sont composés d'acide silicique
semblable au quartz (SiO2). - La boue argileuse est quant à elle transformée
en schiste ou en ardoise. Dans ces conditions-ci, les os peuvent aussi se calcifier. La
fossilisation s'avère donc seulement possible en roche sédimentaire.
Dans la roche magmatique par ex., (formée à partir de magma liquide
incandescent dans les profondeurs de l'écorce terrestre) ou à partir
de lave volcanique, on ne peut maintenir aucun fossile. Il n'est par conséquent
pas très utile de chercher des fossiles dans le basalte ou le granit... La
fossilisation
¬
Dans quelques cas très rares les corps entiers et complets des animaux
ont pu se trouver conservés. C'est ainsi que des mammouths de la période
glaciaire ont été découverts dans les sols gelés depuis
plus de dix mille ans, en Sibérie. Les corps étaient intacts, l'épaisse
toison encore souple et le contenu de l'estomac congelé. On cite encore
le cas d'un Rhinocéros entier découvert en Galicie, dont les parties
molles avaient été conservées dans un sol imprégné
de pétrole. Dans la célèbre localité de Rancho La
Bréa, près de Los Angeles, en Californie, se trouvaient de grandes
étendues de goudron naturel : les ossements de nombreux animaux de l'ère
quaternaire y ont été conservés, enfouis dans l'asphalte.
Dans certains gisements de l'Ouest canadien, l'impression
de la peau des dinosaures s'est trouvée conservée dans la roche,
comme si les cadavres avaient été momifiés sous un climat
très sec. |
L'ambre de la Baltique est une résine fossile qui renferme parfois
des insectes admirablement conservés avec les détails les plus fragiles
de leurs ailes. Enfin très récemment, en Italie, un dinosaure avec
les organes internes bien conservés a été trouvé.
Mais tous ces exemples remarquables sont des exceptions, bien qu'elles soient
de plus en plus nombreuses dans les collections des musées. Ordinairement,
la fossilisation et l'enfouissement dans des roches où l'eau circule font
que les restes sont, ou mal conservés, ou transformés, ou même
le plus souvent détruits. Les cas seront très variables. Par
exemple, les feuilles des arbres des forêts carbonifères ne sont
plus qu'un mince film de carbone dans la roche. Il en va de même de certains
ichtyosaures d'Allemagne, dont le corps a été aplati. Comme
ce sont les parties dures des êtres vivants qui ont le plus de chance d'être
conservées, les dents de poissons ne sont pas rares, alors que bien souvent
le squelette a été détruit; les os de dinosaures ou de mammifères
peuvent être plus ou moins bien conservés, alors que toute trace
de leur chair a disparu. Les coquilles calcaires des Mollusques ont une chance
d'être longtemps préservées dans la terre. Mais elles peuvent
être dissoutes et remplacées par de la silice, par exemple. Il arrive
que la matière organique soit remplacée molécule par molécule,
au point que les fines structures ne sont pas détruites. Ainsi, les merveilleux
spécimens de bois pétrifiés de l'Arizona ou du Sahara, qui
furent silicifiés. Même si la coquille est dissoute, on peut
avoir un moule interne, quelquefois en pyrite de fer, et un moulage externe.
La vie des temps les plus reculés se manifeste encore à nous par
des empreintes de pas de dinosaures évoquant le passage d'un vrai troupeau
ou même la poursuite d'un gigantesque herbivore quadrupède par un
carnivore bipède. Les terriers d'animaux fouisseurs sur les plages, ou
les trous de vers, sont encore des traces fossiles. On a parfois découvert
des déjections fossiles (coprolites) ou des pierres stomacales (gastrolites).
Enfin, les coquilles d'ufs de dinosaures se rencontrent par milliers dans
les argiles et les grès de certaines régions, dont les environs
d'Aix-en-Provence. Utilisation
et recherche de fossiles
¬ Le géologue
utilise couramment les fossiles pour établir des comparaisons et des corrélations
à distance entre les terrains qu'il rencontre. En effet, des roches contenant
les mêmes espèces fossiles sont normalement de même âge.
La connaissance des fossiles et de leurs conditions de vie permet de retrouver
les contours des anciennes mers et des anciens continents, et de situer
les anciens climats. De ce point de vue, l'étude des grains de pollen fossiles
nous a beaucoup appris. Certaines substances utiles ont été
formées par l'accumulation de restes d'organismes fossiles. Ainsi les combustibles
fossiles, comme le charbon et le pétrole ; ainsi la terre d'infusoires
et certains minerais de fer. Comme
nous l'avons vu, cette conservation est le plus souvent l'effet d'un concours
de circonstances. C'est pourquoi un même étage géologique
peut se montrer fossilifère en un point, et ne pas l'être ailleurs.
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Des
traces fossiles peuvent être dispersées dans la roche, ou au contraire
concentrées dans un lieu privilégié. C'est alors qu'on parle
d'un gisement de fossiles. Le ramassage de fossiles par un amateur
ne demande pas un équipement compliqué: un marteau, un burin, un
emballage et un étiquetage soigneux. Au contraire, l'exploitation des grands
gisements de fossiles réclame en général l'organisation d'une
mission scientifique avec un abondant matériel et le concours de spécialistes.
Les restes rapportés seront ensuite dégagés au laboratoire,
recollés, étudiés puis montés et enfin exposés
dans les musées. On appelle microfossiles
de très petits organismes ou des restes de toute petite taille : foraminifères,
mâchoires de vers, grains de pollen. Leur étude par des laboratoires
spécialisés permet de précieuses corrélations entre
les terrains et entre les forages. Ils nous renseignent également sur les
climats, les courants marins, les conditions biologiques.
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Les
fossiles et le temps
Les fossiles sont abondants dans les couches sédimentaires dès l'époque
cambrienne : tous les taxons d'invertébrés sont alors représentés,
et leur âge est évalué à plus de 500 millions d'années.
Auparavant, durant les temps précambriens, les traces fossiles sont extrêmement
rares. On en connaît cependant quelques-unes, surtout des algues, mais les
traces de vie bactérienne sur terre sont évaluées à
3,8 milliards d'années environ. L'origine de la vie ne peut être
atteinte par la paléontologie, car les couches les plus anciennes de l'écorce
terrestre ont été recristallisées par le phénomène
du métamorphisme. Les plus anciens vertébrés (squelette
interne) apparaissent à l'Ordovicien : ce sont des poissons primitifs.
Dans les périodes suivantes, on voit se développer toute l'évolution
des animaux et des végétaux terrestres en de multiples formes. Durant
le Quaternaire, il y a plus de 2 millions d'années, apparaissent les premiers
hommes fossiles, dont des crânes, des portions de squelette, des restes
d'industrie ont été conservés : la paléoanthropologie
a pour objet l'étude des origines de l'homme. Les
"fossiles vivants"
¬ L'expression de "fossiles
vivants", expression ambiguë et peu scientifique, prêtant à
confusion, est parfois employée pour désigner des espèces
animales ou végétales qui ont traversé une grande partie
des ères géologiques sans changements appréciables
; mais ces espèces ont néanmoins subi des changements
modiques, ne serait-ce qu'une certaine dérive moléculaire.
Alors que certains groupes, les ammonites par exemple, évoluent très
vite avec de nombreuses formes, les nautiles, au contraire, n'ont presque pas
changé depuis 400 millions d'années et vivent encore dans les mers.
Il en est de même de la lingule, brachiopode connu depuis le Cambrien; du
péripate, arthropode inchangé depuis 450 millions d'années.
Parmi les végétaux, les prêles, les cycas, les ginkgos sont
des survivants de taxons dont les autres représentants sont éteints
depuis fort longtemps. Il arrive aussi que l'on ait découvert des formes
encore vivantes, confinées en un point du monde, et qui sont l'unique témoin
d'un groupe que l'on croyait complètement éteint depuis longtemps.
Le plus célèbre est le clacanthe, pêché
vivant dans les profondeurs marines entre l'Afrique australe et Madagascar; or
ce grand poisson est un crossoptérygien, groupe bien connu à l'état
fossile, mais que l'on croyait complètement disparu depuis 80 millions
d'années. Ces poissons ont à peine évolué depuis le
Dévonien. On peut encore citer d'autres exemples variés d'animaux
qui font figure de "fossiles vivants" : les Trigonies, bivalves
autrefois répandus dans toutes les mers et qui n'existent plus que sur
les côtes de Tasmanie; l'Hattéria ou Sphénodon, un
reptilien confiné sur quelques îlots de Nouvelle-Zélande,
unique survivant de l'ordre des Rhynchocéphales dont il a conservé
les caractères depuis le Jurassique; le Ceratodus d'Australie,
représentant des poissons dipneustes si nombreux au Primaire et au Secondaire;
le gastéropode Neopolina, dragué par 4 000 m de fond
dans le golfe de Panama en 1950, et qui fait partie d'un groupe archaïque
que l'on considérait comme éteint depuis 350 millions d'années.
Tous ces exemples sont d'un grand intérêt scientifique car ils permettent
d'étudier les formes de vie passée et ses étapes, par des
individus ressemblant fortement à ceux disparus. Raf,
Gino, Sûryâ
Avec
l'amabilité des éditions des Deux Coqs d'Or Voir
page Controverses et chapitre
Preuves de l'évolution pour
d'autres détails
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