Les
PREUVES de l'ÉVOLUTION L'Évolution,
un mouvement observable et vérifiable
| Autres
preuves | |
Ces pages sont un
modeste complément au remarquable chapitre [
Science et Dogmes
] rédigé
par Bruno Alexandre, qui traite en détail de cette opposition et de l'historique
des dogmes et des sciences de la nature. Nous ne reviendrons pas dans ce chapitre
sur les dogmes ni sur leur compatibilité ou incompatibilité avec
les sciences. En revanche, en guise de synthèse des preuves présentées,
des extraits du brillant ouvrage du professeur Cyrille Barrette, « Le Miroir
du Monde », seront cités en encadré, en bas de page.
Ce livre, d'une richesse et clarté d'argumentation rares, est sans doute
la plus belle gifle au créationnisme qui ait été publiée
en français ; et ces pages sont un hommage, un miroir illustré et
modifié avec son accord, des preuves qu'il propose dans son ouvrage. L'
Évolution, une simple théorie (1) ?
Il n'y a plus guère que la minorité des créationnistes, aveuglés
par leur foi religieuse, pour l'appeler ainsi : l'évolution est une flagrante
évidence que les anciens (2), déjà
bien avant Lamarck et sans doute libérés de cette barrière
mentale que la religion oppose à la réflexion, avaient constatée
simplement en observant la nature autour d'eux, notamment les animaux de la ferme,
tous sélectionnés par l'homme. Ce sans aucune connaissance scientifique
particulière ; juste avec un peu d'intuition, de logique, et de bon sens:
« Les choses ne semblent pas immuables, notre entourage et la vie ne
peuvent, par conséquent, que faire de même... changer et évoluer
». De
nos jours, on se sert bien plus de faits et d'expérimentation que d'intuition
et de déductions théoriques pour comprendre et expliquer un phénomène.
L'évolution, terme signifiant au minimum deux choses - l'évolution
constatée et la théorie visant à l'expliquer -, ne peut plus
être considérée seulement comme une théorie et n'est
pas non plus un mécanisme qui explique le vivant. Elle n'explique d'ailleurs
rien du tout. Mais de multiples mécanismes en marche (moléculaires,
chimiques, génétiques, géophysiques, et même astrophysiques)
interagissent entre eux et sur le vivant, exercent
une influence, génèrent une dynamique et modifient
ce vivant auquel s'applique une sélection. Et c'est ce mouvement,
dont une des conséquences majeures est la biodiversité,
que l'on peut appeler l'Évolution. Les
objections des créationnistes et les modèles qu'ils proposent, quand
ce n'est pas l'explication littérale de la genèse biblique, traitent
des origines de l'univers, de la vie, mais rarement de la biodiversité.
Or la théorie de l'évolution porte seulement sur le dernier point.
Les arguments créationnistes sur les origines de l'univers, par exemple,
n'ont rien à voir avec l'évolution au sens strict (3),
ou diversification de la vie. L'évolution au sens large
(3) est cependant une constante
(4) de l'Univers elle aussi, que l'on
observe dans des phénomènes autres que la vie (stratigraphie, radiochronologie),
mais c'est bien dans cette dernière, la vie, que l'on ne trouve aucune
ambiguïté : il n'y a pas la moindre trace de créateur,
de finalité, de volonté, de
sens déterminé, ni d'intelligence dans
le processus du vivant ! Seules les créatures résultant de ce processus
créent une descendance et peuvent être considérées
intelligentes, volontaires et déterminées, mais pas le processus
lui-même... Il
existe encore beaucoup de croyants, de lettrés et de scientifiques (médecins,
physiciens, mathématiciens, chimistes, et même des biochimistes)
qui nient l'évolution ou en doutent fortement. Si ceux-là ont une
circonstance atténuante (leur discipline portant sur des domaines soit
très spécialisés, abstraits ou ayant peu de relations avec
le vivant), les rares biochimistes non évolutionnistes, en revanche, n'en
ont guère : ils se butent sur ce qu'ils ne s'expliquent pas à travers
leur microscope électronique, parfois sur des erreurs méthodologiques,
et rejettent tout l'univers qui les entoure... Or la compréhension de la
vie, de sa diversité, et donc de son évolution, exige d'observer
aussi ce qui se passe hors du laboratoire, dans la nature, avec une loupe ; de
manipuler et retourner les ossements que l'on y trouve ; de s'intéresser
à ce que font les autres - une pioche à la main - sur le terrain
; de considérer le travail de ceux qui se servent de jumelles, d'un télescope,
ou d'autres instruments que les siens, "... puis de réfléchir
à tout cela avec notre raison, notre esprit critique. Sans passion ni préjugés". «
De même que la foi et la raison ne peuvent ni se nuire, ni s'appuyer l'une
sur l'autre, ni se combiner dans un même discours »,
l'Évolution n'est pas incompatible avec la foi religieuse et seul le "créationnisme"
est nié par celle-ci. Un mouvement créationniste fondamentaliste,
grâce à des appuis très puissants, est en expansion aux USA
; un phénomène qui touche aussi la francophonie. Alors attention
les rationalistes, car sans vouloir être alarmiste, c'est non seulement
d'une montée de l'irrationnel dont il s'agit, mais la persécution
des sorcières volant sur des balais est peut-être l'étape
suivante. (1)
C'est une boutade. La Théorie de l'Évolution
ayant
maintes fois été démontrée et vérifiée,
elle
n'a donc pas besoin d'acquérir de lettres de noblesse :
"Une théorie scientifique est un modèle
logiquement cohérent, décrivant les phénomènes naturels
ou sociaux. Elle
est appuyée et a pour origine des faits
observables. C'est une expression systématique et formalisée, ou
explication prédictive,
testable, qui na pas encore été falsifiée,
dobservations préalables". (2)
Anaximandre de Milet (611-546 av. J.-C.) imagina une première génération
d'être humains pisciformes qui auraient perdu leur enveloppe au moment de
leur transition vers la vie terrestre. (3)
A ne pas confondre avec macroévolution et microévolution,
(respectivement les variations de grande ampleur et les "petits" changements
ou variations de fréquences alléliques) au sein des espèces,
pouvant être des préludes à des spéciations. (4)
Il ne s'agit pas ici de mettre le mot constante sur le même plan
que les constantes de la physique. Caractères
vestigiaux chez les chevaux Les
fossiles sont les seuls objets témoignant véritablement de l'existence
de la vie passée. Les couches géologiques dans lesquelles ils ont
été trouvés permet de les dater ; la comparaison des fossiles
entre eux et avec le squelette d'espèces actuelles permet de voir leurs
similitudes, de les classer. Puis, en établissant le tableau de ces successions
de fossiles, ils permettent de dessiner le parcours évolutif des différentes
lignées jusqu'à nos jours ou jusqu'à leur extinction (pour
les taxons disparus). Chez
le cheval moderne, chaque membre est pourvu d'un seul sabot qui termine son unique
doigt, le majeur ou doigt numéro 3. On observe par contre, à chaque
main et à chaque pied, de petites baguettes osseuses : les vestiges de
doigts qui étaient complets et fonctionnels chez les ancêtres.
A droite de l'image, on observe une vue antérieure et postérieure
de Merychippus, ancêtre du cheval moderne, dont les doigts
2 et 4 sont nettement plus développés. Les
fossiles de cétacés
[page Vestiges
et Fossiles] et des équidés (sur cette page) sont
les exemples que nous avons choisi de développer afin d'illustrer
l'argumentaire en encadré (ci-dessous). Les cétacés
et les chevaux sont des preuves de l'évolution par les fossiles parmi tant
d'autres : il existe des dizaines de lignées d'animaux retournés
secondairement vers une vie aquatique, qui présentent - à différents
degrés d'adaptation à ce nouveau milieu - des traces indéniables
d'évolution, confirmées par leurs fossiles (oiseaux, reptiles, arthropodes).
Tous ceux-ci pourraient parfaitement servir de "preuves par les fossiles"
et confirmer l'évolution. De même pour toutes les autres lignées
d'animaux, mais aussi de plantes, de protistes, de champignons... Les mammifères
marins et les équidés, outre leur parcours évolutif particulier
(retour vers la mer pour les cétacés et adaptations pour la course
des chevaux) présentent aussi l'avantage d'être bien connus, d'avoir
des représentants encore vivants, des os robustes et de grande taille et
des fossiles en grande quantité. Tous ces éléments facilitant
le travail d'explication. Étapes
évolutives du cheval (A = doigts
latéraux)
Hyracotherium |
Mesohippus |
Parahippus |
Pliohippus |
Equus |
| |
|
55 |
50 |
45 |
40 |
35 |
30 |
25 |
20 |
15 |
10 |
5 |
0 |
|
Le tableau
ci-dessus n'exprime aucune hiérarchie de complexité ni aucun
sens téléologique (finalité) : il reflète le seul
parcours évolutif suivi, allant par quelques étapes, de l'Hyracotherium
jusqu'au cheval moderne Equus. Ce tableau ne donne aucune information sur
le buissonnement de la phylogénie du taxon des équidés. Il
ne reflète que le taxon suivi, dont l'augmentation de taille n'est qu'un
phénomène historique constaté et pas un sens évolutif
irrémédiable. Ce premier aurait pu être tout autre, et ce
fut le cas pour d'autres lignées d'équidés dont la taille
s'est parfois réduite au cours de l'évolution.
Par ailleurs,
les étapes proposées ne sont pas les ancêtres les uns des
autres, mais plutôt des lignées soeurs de la lignée Equus.
Pliohippus, par exemple, le plus ancien équidé à
un seul sabot apparent, est ainsi le plus récent et proche parent connu
de la lignée ayant mené à Equus, mais n'est pas à
considérer comme l'ancêtre direct. La phylogénie exprimant,
même dans un tableau ambigu comme celui ci-dessus, la notion de parenté.
L'
histoire évolutive du cheval au sens large, les équidés,
est sans doute le meilleur exemple "d'arbre généalogique fossile".
Reconstitué quasiment sans lacunes malgré le nombre élevé
de ses ramifications, son arbre phylogénique peut être suivi durant
tout le Tertiaire et Quaternaire. La continuité évolutive et
les différentes ramifications de la famille des équidés sont
si limpides et si complètement illustrées par les fossiles retrouvés,
qu'il fut baptisé par Haeckel « Le cheval de bataille de la
paléontologie ». La sempiternelle et trompeuse objection
créationniste qu' "il n'y aurait pas de transitions (intermédiaires)
fossiles, et par conséquent que l' évolution ne serait pas prouvée...
", est complètement balayée par le registre fossile du cheval,
exemple par excellence de la conservation totale des fossiles successifs d'une
lignée. Jugez-en
plutôt par le tableau ci-dessus, simple échantillon des étapes
cruciales allant de l'ancêtre Hyracotherium jusqu'à
Equus. L'ontogenèse
du cheval
|
45
jours | 60
jours | 150
jours | | | La
vérification de cette reconstitution phylogénique est apportée,
comme souvent, par les formes dérivées, différentes mais
cependant ressemblantes, aux caractères disparaisssant ou s'allongeant
progressivement (les doigts notamment) chez les espèces successives, ce
dans les différentes couches géologiques. Mais aussi, comme très
souvent, par l'examen du développement de l'embryon.
L'image ci-contre représente trois états successifs de la patte
d'un foetus de cheval moderne, qui récapitulent et confirment les étapes
de l'évolution de la lignée. On y observera notamment la dispartition
progressive des doigts. Légende
6 semaines. Le foetus a le même nombre de doigts que le cheval d'il y a
35 millions d'années (voir tableau des fossiles ci-dessus) 2 mois.
Le doigt médian a une forte croissance, reléguant celle des autres.
5 mois. Le membre du cheval adulte est quasiment formé, ses deux doigts
latéraux se collent au doigt principal et ne deviennent bientôt plus
que des "brindilles vestigiales" sans utilité aucune. Réciproquement,
la mise en parallèle du registre fossile et l'ontogenèse confirme
aussi le bien fondé scientifique et l'utilité de la loi de Haeckel
: « L'ontogenèse récapitule les grands traits de la phylogenèse
». Loi dont on reparlera au chapitre suivant. La
comparaison de l'évolution des fossiles/vestiges/embryons que nous
proposons dans cette page n'est pas un raisonnement circulaire où les éléments
s'auto-justifient les uns les autres. Il s'agit bel et bien d'un remarquable exemple
de trois faisceaux d'indices observables, non spéculatifs et palpables,
qui se confirment et corroborent l'un l'autre, confortant et illustrant à
merveille, prouvant l'évolution indéniable du vivant. Des preuves
solides comme de l'os.
Questions
aux créationnistes et tenants du "dessein intelligent" :
-
Si les transitions et l'évolution entre les diverses espèces représentées
ne vous paraissent pas flagrants, qu'est-ce qui pourrait bien s'appeler une évidence
pour vous ? - Si la reconstitution des lignées "aboutissant"
aux chevaux modernes n'est pas une preuve de l'évolution, qu'est-ce donc
que les créationnistes appellent une preuve ? - Que signifient ces
doigts latéraux écartés chez le foetus de cheval ? Rafael
Terrón ****
«
Les fossiles démontrent l'évolution parce qu'en suivant une espèce
animale quelconque, comme le cheval ou un escargot, on y voit à travers
les couches géologiques successives, des plus profondes aux plus récentes,
que la forme animale a changé un peu. On voit bien qu'il s'agit toujours
d'un cheval, c'est la même forme générale, mais un peu modifiée
; par exemple, la troisième molaire supérieure est un peu plus grosse
ou, dans le cas d'un mollusque, l'enroulement de la coquille est un peu plus serré.
Donc, à mesure que le temps passe, le cheval est toujours un cheval, mais
sa forme et sa taille ont changé, il a évolué. Et cela est
vrai pour chacune des centaines de séquences de fossiles que l'on peut
suivre sur une longue période Dans ces suites de fossiles, les formes intermédiaires,
les " chaînons manquants " sont très importants. En effet,
s'il est vrai que la vie a une histoire et que les fossiles en sont la trace,
on peut alors faire des prédictions sur les caractères de ces formes
intermédiaires qu'on ne connaît pas encore. Or en science, rien n'est
plus convaincant que de voir une prédiction confirmée. Une science
qui énonce et confirme des prédictions est très robuste.
En paléontologie, chaque fois qu'une telle prédiction est confirmée
par l'observation, c'est-à-dire par la découverte d'un nouveau fossile
jusque-là " manquant ", elle constitue une preuve de plus que
l'évolution est un fait. Voici un exemple récent concernant
l'évolution des baleines. Depuis très longtemps, les biologistes
affirment que les baleines actuelles sont issues de mammifères terrestres.
Or, ces derniers ont quatre pattes, alors que les baleines n'ont pas de pattes
arrière. Entre les deux on n'avait jamais observé de formes intermédiaires,
il y avait là un trou, un " chaînon manquant ". S'il est
vrai que les baleines sont le produit d'une évolution à partir de
mammifères terrestres, on prédisait depuis longtemps qu'un jour,
avec un peu de chance, on allait trouver des fossiles de baleines avec quatre
pattes dans les couches géologiques d'environ 45 millions d'années.
C'était une prédiction risquée, parce que la ressemblance
entre une baleine et un ours, par exemple, sur le plan de la locomotion, est pour
le moins très faible. Comme c'est une prédiction risquée,
si elle est confirmée, elle constituera une preuve d'autant plus forte.
Or, au cours des vingt dernières années, on a trouvé, en
Égypte et au Pakistan, plusieurs espèces de baleines (Basilosaurus,
Dorudon) pourvues de petites pattes arrière. Si Basilosaurus et
Dorudon avaient été créées au lieu d'être le
fruit de l'évolution, elles n'auraient eu aucune raison d'avoir de petites
pattes ridicules et inutiles pour la marche et même pour la nage. Cette
notion de " chaînon manquant " n'a de sens que s'il est question
d'une chaîne, ou d'une suite de fossiles, d'une suite d'événements
constituant une histoire. La prédiction de l'existence d'une espèce
Y entre les espèces X et Z ne peut être énoncée que
si la vie est une chaîne continue. Sinon, il n'y aurait aucune raison qu'il
ait existé, entre X et Z, une espèce dont les caractères
seraient intermédiaires entre ceux de X et ceux de Z, comme une baleine
avec des petites pattes ou un lézard avec des plumes à mi-chemin
entre les reptiles et les oiseaux. On peut faire deux autres prédictions
concernant les séries temporelles de fossiles. Dans une même série,
deux fossiles se ressembleront d'autant plus qu'ils sont proches l'un de l'autre
dans le temps, et une espèce actuelle ressemblera davantage à un
fossile récent qu'à un fossile ancien dans la même série.
Ces prédictions, confirmées à des milliers d'exemplaires
dans les séries de fossiles connues, peuvent sembler banales et évidentes,
mais si l'évolution n'était pas un fait, les fossiles n'auraient
aucune raison de se conformer à ces prédictions, ils pourraient
se retrouver dans n'importe quel ordre. Donc, si on regarde une suite de fossiles
avec une attitude raisonnable et rationnelle (c'est-à-dire avec sa raison),
on doit conclure qu'elle représente l'évolution d'une forme animale.
Comme on connaît des centaines de ces suites de fossiles, y compris dans
notre propre lignée, il n'est pas extraordinaire de conclure qu'elles constituent
une preuve convaincante que les espèces ont évolué ; c'est
au contraire une conclusion très raisonnable. » Extrait
du livre « Le Miroir du Monde » de Cyrille Barrette
Avec son aimable
autorisation Pour
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«
Depuis Jean-Baptiste de Lamarck (1809), de plus en plus de scientifiques sont
convaincus que l'évolution du monde vivant est un fait, c'est-à-dire
que la vie a une histoire. Il n'y a aujourd'hui aucun biologiste raisonnable qui
croit que la vie n'a pas d'histoire, c'est-à-dire que les espèces
auraient été créées instantanément par une
intervention surnaturelle. Essence du fait de l'évolution est que la vie
a émergé imperceptiblement à partir de la matière
non vivante et que, par la suite, les espèces se sont transformées
et ont émergé les unes à partir des autres par un processus
naturel. Même le pape a récemment reconnu ce fait (Jean-Paul II,
1997). Je veux souligner le fait de l'évolution, parce que le fait est
souvent confondu avec la théorie. Malheureusement, le mot évolution
veut dire au moins quatre choses différentes, trois qu'on considère
comme valides et une qui ne l'est probablement pas. Évolution désigne
un fait, mais aussi une théorie, puis un parcours, un cheminement particulier.
Mais évolution signifie aussi amélioration. Ce dernier sens est
sans doute utile dans le langage courant, mais à bannir du discours scientifique
de la biologie de l'évolution. Nous en reparlerons plus loin. Un
mot d'abord sur notre relation avec la réalité. La condition humaine
est telle que l'on ne peut être sûr de rien hors de tout doute. Il
semble qu'on ne puisse échapper à ce doute métaphysique qui
découle des limites inhérentes de notre cerveau et de notre raison.
Mais si, à cause de ce doute, l'on refuse de considérer que l'évolution
est un fait, il faudra également refuser de " croire " le fait
que la terre est ronde, qu'elle tourne autour du soleil, que les continents dérivent,
que l'eau est faite de deux gaz, que Napoléon a existé, etc. Nous
sommes certains de la véracité de ces affirmations hors de tout
doute raisonnable, et c'est amplement suffisant pour les considérer comme
des faits. L'évolution de la vie est du même ordre. Voici
brièvement ce que les biologistes considèrent comme des preuves
que l'évolution est un fait, hors de tout doute raisonnable. Les sept preuves
que je vais présenter sont d'autant plus convaincantes qu'elles sont indépendantes
les unes des autres ; elles ne sont pas sept façons de dire la même
chose et, bien qu'elles soient indépendantes, elles pointent toutes dans
la même direction, toutes affirment que l'évolution est un fait.
En dehors du doute métaphysique, on ne peut pas espérer mieux que
de posséder plusieurs preuves, indépendantes, arrivant à
la même conclusion. Pour
résumer ce qui précède, voici ce que je réponds à
qui affirme que l'évolution est seulement une théorie et qu'elle
n'est même pas prouvée. D'abord, l'évolution n'est pas seulement
une théorie, c'est aussi un fait. Ensuite, elle n'est pas prouvée
hors de tout doute, mais aucune théorie ne peut l'être, même
en physique. Par contre, elle est prouvée hors de tout doute raisonnable,
et en ce sens elle est parmi les meilleures théories scientifiques, perfectible,
mais très solide. Une
autre façon de considérer les faits présentés est
de constater qu'ils sont inexplicables si on ne fait pas appel à l'évolution
(Dobzhansky, 1973). En effet, l'évolution explique de nombreuses observations
facilement, simplement et de manière très convaincante. De plus,
la même idée d'évolution explique tous ces faits, bien qu'ils
soient très disparates, concernant les molécules, l'anatomie ou
la distribution géographique des espèces. C'est ce qui fait que
l'évolution s'impose comme un fait indéniable. Je vais présenter
comme des preuves des faits que nous pouvons voir avec nos yeux. Quand nous les
interprétons, avec notre cerveau, ces faits nous parlent : ils nous disent
que l'évolution est un fait. » Extrait
du livre « Le Miroir du Monde » de Cyrille Barrette
Avec son aimable
autorisation Pour
commander l'ouvrage
|
Le
monde a-t-il un sens ? Pourquoi existons-nous ? Qu'est-ce qu'un humain ? Ces questions
émergent de notre cerveau. Tout comme notre pancréas, ce cerveau
est un produit de l'évolution par sélection naturelle. La biologie
évolutionnaire peut contribuer grandement à éclairer ces
questions existentielles normalement réservées à la
philosophie, à la théologie ou, malheureusement, de plus en plus
à l'ésotérisme. Mais ce terrain est miné : les réponses
simplistes y abondent et il faut s'y méfier autant du réductionnisme
excessif de la science actuelle que du pire ennemi de la raison : le désir
de croire. Cet ouvrage propose des pistes de réflexion fondées sur
la biologie darwinienne moderne. L'auteur présente
d'abord l'évolution et la théorie unificatrice de la biologie, la
sélection naturelle. Il y montre, entre autres, que :
La sélection naturelle est plus que la survie du plus fort ;
Elle s'exerce sans sélectionneur ; La reproduction est plus
importante que la survie ; L'évolution n'a pas de projet ;
L'être humain est un produit accidentel de l'évolution.
Ensuite, l'auteur utilise ce qu'on connaît
de la biologie darwinienne pour tenter de comprendre le mystère de la nature
humaine. Il constate que, tout en étant indéniablement un animal,
l'être humain est seul capable d'être libre, proactif et angoissé.
Grâce à son cerveau, il est un miroir de carbone qui réfléchit
sur le monde dont il fait partie et auquel il tente de donner un sens. Ce
livre s'adresse aux femmes et aux hommes qui ont soif de comprendre, font confiance
à leur raison, se méfient des superstitions et des mirages et souhaitent
réfléchir à l'éclairage que la biologie darwinienne
peut apporter au mystère de notre existence. Éditions
MultiMondes, 2001 | |