La
Laïcité est-elle malade de ses sympathisants ? Partout
où elle a droit de cité, la laïcité recule devant l'adversité;
et en d'autres lieux, la laïcisation stagne et peine à s'insérer
dans la société pour permette de mieux vivre ensemble, par-delà
des différences individuelles. Cependant quailleurs d'aucuns militent
pour un idéal de libertés, d'égalité des moyens, d'égalité
républicaine en droits et en justice sociale, équitable, et de paix
citoyenne par la laïcité ; d'autres militent avec la laïcité
comme alibi, pour des idéaux d'exclusion. Suite
aux multiples fièvres qui agitent le corps religieux et secouent nombre
de ses membres dans le monde depuis de nombreuses années, se pourrait-il
qu'un virus ait muté, franchissant et détruisant les barrières
jusqu'ici claires et nettes entre idées de fraternité et exclusion
? Entre égalité et discriminations ? Y aurait-il une peste
se répandant insidieusement, inspirée du principe original de la
laïcité par son élan, mais détournée à
des fins communautaristes, de repli identitaire ? La laïcité
aurait-elle pris froid, deviendrait-elle un grelottant et frileux principe politique
? Cette fièvre montante, on peut en prendre la température
dun simple clic de souris ! A ce stade, un traitement
simple suffirait-il en stimulant fermement lidéal, par une bonne
piqûre de rappel des principes et valeurs inhérents à la laïcité
(1) ? Un
phénomène de radicalisation, enfreignant le principe de laïcité,
se répand, nous le craignons, comme la peste. L'observation la plus
consternante est peut-être que les idéaux les plus xénophobes
se banalisent de nos jours ; côtoyant sans scrupules la défense de
la culture (2) transférée en traditions, qui à
son tour fait risette à la défense de la laïcité.
Il est de nos jours devenu banal d'admettre comme évident le combat du
« Nous contre Eux » au nom de
la laïcité ! Au nom d'un territoire, d'une république, d'une
culture ou d'un peuple... Le tout en un amalgame consternant de «
valeurs territoriales » à défendre, valeurs rarement
explicitées mais seulement suggérées. La
laïcité est pourtant une idée de civisme, la liberté
d'avoir une opinion ; un moyen permettant de vivre ensemble ! (3)
! Comment
accepter ces dérives du principe de la laïcité ? Qui sont ces
"Eux" et ces "Nous"
si souvent invoqués ? "Eux"
désigne parfois l'ennemi du monde musulman ou l'ennemi
de la chrétienté ; le différent qui envahit ou
le musulman qui se balade ; l'étranger qui se plaint ou l'athée
qui critique les religions ; celui ne respectant pas les croyances
d'autrui ni les croyances locales, ou les croyances nationales... Depuis
quelque temps fleurissent donc sur le Web, dans certaines associations de "défense
de la laïcité", de belles et grandes idées qui se propagent
et s'amplifient de forum en forum, "embellissant" sans cesse :
- Des idéaux non pas de « nation/république » mais de
« notre grande nation » -
Non pas de « cultures » mais de « Notre
culture opposée à la leur » - Non pas de «
rassemblements pour nous comprendre » mais pour «
Nous défendre contre eux » ; - Des idées de
« Menace ultime risquant d'entraîner la fin
de notre monde moderne ». - Des idées de
« Monde occidental opposé à monde Arabe ». Cette
menace est parfois nommée islamisme
ou christianisme ; du moins en prélude...
Car c'est maintenant limmigration ou
l'islam, puis finalement tous
les musulmans et/ou les Arabes qui sont clairement nommés, pour
réaffirmer au final que tous ces derniers veulent «
nous détruire ». Mais
qui sont ces « Nous » ? «
Nous » désigne selon les cas les occidentaux (4),
les judéo-chrétiens (4), les arabo-musulmans (4),
l' Europe chrétienne (4)... Et aussi, de plus en plus
souvent, « Nous les laïques républicains »... Nous
répondons NON Non
à ces idées de « différence
entre les musulmans et les êtres humains » . Non
à ces idées «
d'un ennemi commun, l'autre...»
Non à ces idées «
d'alliance, d'attaque et de victoire finale... d'éradication
de l autre ». Non car leurs instigateurs sont
prêts à toutes les bassesses, à tous les compromis, à
toutes les infamies et alliances pour parvenir à leurs fins. Non
à ces idées émises et propagées par des hommes et
des femmes se proclamant de la laïcité
Non, car
notre idée de la Laïcité est une aspiration, un objectif à
atteindre, à mettre en place et à appliquer, qui ne peut être
détourné ni détérioré en cris de guerre patriotiques
et discriminatoires. Il n'y pas de « Vous
contre Nous » en espace laïque ; il n'y a que des «
CITOYENS, tous égaux en Droits sous le même principe fondamental
: l'égalité et la liberté d'opinion sans distinction de sexe,
d'ethnie ni de religion. » C'est à cette valeur universelle
de la Respublica laïque que nous adhérons, à celle-ci
qui garantit liberté de convictions personnelles mais n'intègre
ni les défis ni les oppositions communautaristes. Nous
disons NON, haut et fort, à toutes ces «
valeurs non universelles », à toutes ces différentes
« valeurs démocratiques »,
à ces différences de « libertés
à eux différentes des nôtres » prônées
par certaines associations se prévalant de laïcité pour justifier
leur combat. Les
seuls idéaux à combattre - par le droit - sont les amis du dogmatisme,
de l'exclusion, de la ségrégation, de la discrimination, des théories
raciales... L'idée
que nous avons de Laïcité et de Respublica, nintègre
pas ces idéaux, elle les exclut. NON,
pour finir, à la détérioration et utilisation abusive du
principe de Laïcité. La laïcité ne peut pas devenir
un étendard de mercenaires xénophobes, liberticides et revanchards
! ______________________ Annexe
(1) Ce message na aucune intention de redéfinir
la laïcité ni de donner de leçons daucune sorte ; les
notions formulées sont grosso modo partagées par la plupart des
laïques rationnels et cohérents. - Notre propos est autant inspiré
par le besoin dinformer que de nous désolidariser de certaines mouvances
se déclarant laïques - que certains appellent parfois les «
nouveaux laïques ». - Nous dénonçons sans citer
aucun mouvement ni association en particulier, jugeant peut-être plus pertinent
dalerter sur la banalisation de ce phénomène que den
dénoncer quelques exemples repérés sur le web francophone.
- La tonalité démagogue ou, selon le point de vue, puérile
de ce message, est à la mesure de linternationalité et collaboration
de ses co-signataires francophones, tous incroyants et épris de civisme
(3) laïque, de libertés fondamentales, incluant bien
entendu le droit de critique des religions. - Nous récusons les termes
composites comme « islamophobie » et autres « religionophobies
», qui ne visent qu'à faire taire toute attaque
contre des dogmes. Le mot "phobie", terme médical exprimant
une crainte déraisonnable, ne convient pas à la saine critique
ni à la crainte raisonnée d'idéologies régressives.
Nous ne confondons donc pas le droit, légitime, à «
lopinion et la critique » avec « Se rassembler pour combattre
une tranche de population »
- Nos observations ne viennent
pas d'un territoire en particulier, mais du reflet de la société
et de ses tendances renvoyées par le Web et autres médias.
(2) Nous rationalisons le terme "culture" à
l'ensemble de connaissances et données permettant à chacun de développer
son propre jugement et sens critique. (3)
Nous préférons le terme "civisme"
à celui d' "humanisme". Nous adhérons volontiers
à cette épithète si elle est redéfinie en excluant
une hiérarchisation métaphysique et bien religieuse de l'Homme au-dessus
des autres créatures. Le "savoir-vivre
ensemble sur cette terre" ne peut se passer d'une conscience
écologique où l'Homme est notre espèce, mais aussi une espèce
parmi
d'autres, qui doit cohabiter et préserver
cette biodiversité. (4)
Nous récusons le bien-fondé de ces termes qui nembrassent
quamalgames et préjugés. Premiers
signataires : Angel
Miguel Ramón - Lima, Perú Gupta Santosh Fernando -
Madras, India Jean-Louis Piette - Liège, Belgique - resp. Association
Fabula Katrina Ainsworth - Vancouver, BC Canada Nita Santosh
Sree - Madras, India Rafael Terrón - Genève, Suisse
Ranga Kapoor, Pondicherry, India Shakti Krishnan Ray - Vancouver,
BC Canada - resp. Association Fabula Sûryâ S. Krishnan -
Toronto, Canada Meriem Essalhi M. - Genève, Suisse Stéphane
Arlen - Île de La Réunion - Président de l'association
Faire le Jour Jean
Vottero - Aix-les-Bains, France - Laïque, citoyen français
Dominique Giraudet - Villiers Le Bel, France Guillaume Pitel
- Nancy, France - Bright Johannès Robyn - Bruxelles, Belgique
Ranganâyagi Hazare - Pondicherry, India Michel Thys - Bruxelles,
Belgique e-mail Pour
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