| Généralités
sur les Amniotes | |
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Le
mot ''Reptiles'', terme comprenant classiquement les tortues (Chelonia),
les lézards et serpents (Squamata), et les crocodiles (Crocodylia) ne sera
pas utilisé dans ce chapitre. De nos jours cette division est tombée
en désuétude car elle est, d'un point de vue phylogénique,
plus ou moins erronée et incomplète. Elle reste néanmoins
pratique dans un ouvrage de vulgarisation où les utilisateurs peu férus
de phylogénétique et cladistique iront "instinctivement"
chercher les lézards, serpents et tortues parmi les Reptiles... Mais
les choses évoluent et ces pages, voulant être de cette évolution,
se mettent à la page. Vous trouvez ci-dessus une classification succinte
des vertébrés amniotes actuels, telle qu'on la conçoit de
nos jours sous l'éclairage des méthodes modernes de cladistique.
(voir le chapitre phylogénie
pour plus de détails). Les Squamates représentés sur cette
page appartiennent tous au taxon des Lépidosauriens, lui-même subalterne
aux Squamates.
Les
Squamates sont des amniotes poecilothermes (température variable)
caractérisés par une peau imperméable et sèche, recouverte
d'écailles épidermiques kératinisées (cornéoscutes),
où se développent également des plaques osseuses dermiques
(ostéoscutes). Ils n'ont pas de glandes tégumentaires.
La fécondation est interne. Le plus souvent, le mâle est muni d'un
pénis pair, ou hémipénis. Le développement se
fait dans un oeuf de forme télolécithe, entouré de l'albumen,
d'une membrane coquillère et d'une coquille calcaire, parcheminée.
L'oeuf est muni d'annexes embryonnaires (sac vitellin, amnios, allantoïde).
Leur
cou est mobile grâce à deux vertèbres, l'atlas et l'axis ;
l'articulation de la colonne vertébrale avec le crâne se faisant
par un seul condyle. Les côtes rejoignent le sternum et délimitent
la cage thoracique. L'articulation de la mandibule se fait entre l'articulaire
et le carré ; ce dernier est soit soudé au crâne (monimostylie)
soit fixé au crâne par des ligaments (streptostylie).
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Lézard
vert
Lacerta viridis | |
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Le
plus grand Lacertidé de la région lémanique. Seul
le lézard ocellé, vivant bien plus au Sud, le dépasse en
taille. Le mâle a la gorge bleu vif en période de reproduction. La
femelle est plus petite et aux couleurs plus ternes, souvent brunâtres.
Le lézard vert se nourrit d'insectes, d'oisillons et d'autres lézards,
parfois de fruits sucrés sauvages. Très farouche, il se déplace
très vite et bruyamment lorsqu'il est dérangé, retournant
à son abri dans les frondaisons bien éclairées où
il habite. Le lézard vert habite l'Europe méridionale et centrale.
Dans le sud, il atteint 50 cm, plus au nord, 30 cm seulement. Le mâle est
vert vif avec une gorge bleu clair. La femelle est généralement
de couleur rouille à verdâtre et porte des taches sur les flancs.
Le lézard vert fréquente généralement les endroits
rocailleux, ensoleillés et chauds, mais on le rencontre aussi sur les chemins
des champs, dans les vignobles. Au printemps, les mâles se livrent des combats
acharnés au cours desquels il arrive assez fréquemment qu'ils perdent
leur queue, qui repoussera au bout de quelque temps. La femelle pond, entre mai
et le début de juin, de 5 à 25 oeufs dans le sable. Les petits éclosent
au bout de 6 à 8 semaines. A la fin de septembre ou en octobre, ces lézards
se cachent dans des anfractuosités du sol, dans des fissures de rochers,
etc. pour hiberner jusqu'en avril. Ces lézards se nourrissent de divers
insectes, de mollusques, mais aussi de petits lézards et parfois de jeunes
couleuvres. Quand ils se trouvent en danger, ils se cachent dans des trous du
sol qui peuvent atteindre une profondeur d'un mètre. Quand on capture un
lézard, il essaie de se défendre en mordant. Quoique cette morsure
soit fort douloureuse, elle est sans danger pour l'homme.
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Lézard
vivipare
Lacerta vivipara | |
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Le plus petit
Lacertidé et seule espèce vivipare de nos régions. Il est
répandu dans tout le bassin lémanique, mais reste assez rare, d'autant
plus dans les berges du lac Léman très fréquentées
par les humains. On peut le trouver dans les recoins tranquilles jusqu'à
une altitude de 2400 mètres car sa grande résistance au froid et
son ovoviviparité
lui permettent d'y survivre. La
femelle garde les ufs fécondés dans son corps pendant tout
leur développement, les ufs éclosent généralement
à peine quelques minutes après la ponte, mais parfois avant.
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Lézard
des murailles
Podarcis muralis | |
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Le
plus répandu des Lacertidés du bassin. Assez fréquent jusqu'à
une altitude de 1000 mètres, il fréquente les milieux secs et ensoleillés.
Le lézard des murailles est répandu dans les pays riverains de la
Méditerranée, mais on le retrouve également en Europe occidentale
et centrale. Il atteint 15 cm de long. Il est gris et roux avec des taches sombres
sur les flancs du dos. Le mâle a le ventre rougeâtre recouvert parfois
de taches bleues tandis que la femelle et le petit ont le ventre gris-blanc. Le
lézard des murailles est un excellent grimpeur. Il monte aussi bien sur
les arbres que sur les rochers et arrive à courir même sur les parois
ou les murs verticaux. Pour s'y maintenir, ses petites griffes aiguës lui
permettent de s'accrocher aux moindres rugosités. Il se plaît sur
les pierres calcaires, dans les décombres et les vignobles. Il ne craint
pas l'homme et se laisse facilement approcher. Il se nourrit d'insectes, d'araignées
et vers. La femelle pond d'ordinaire de 2 à 8 oeufs au mois de mai. Dans
les régions méridionales plus chaudes elle pond même plusieurs
fois par an.
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Couleuvre
à collier
Natrix natrix | |
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Colubridé
le plus répandu de notre région, mais en net recul. Biotopes et
régime alimentaire variés. Sa taille varie de 1 à 1,20 mètres,
mais certaines femelles peuvent exceptionnellement dépasser les 1,80 m.
Des deux côtés de la tête, elle s'orne d'une tache blanchâtre
ou orange. Elle vit tout l'été près des étangs, des
mares et des rivières; en automne, elle va à la recherche d'une
cachette pour l'hiver qu'elle trouve dans des anfractuosités, des terriers
de mammifères ou des grottes qu'elle partage souvent avec des compagnons
de son espèce ou d'autres serpents. On peut la voir aussi dans l'eau où
elle nage lentement mais avec endurance, parcourant souvent de grandes distances;
ainsi, on a pu en observer dans la mer à une distance de 23 km du rivage.
Souvent, elle se repose sur des objets qui flottent, parfois même sur des
canards. La couleuvre à
collier craint l'homme et le fuit. Lorsqu'on l'attrape, elle ne se sert que très
rarement de ses dents qui sont très courtes, et sa mâchoire s'ouvre
assez peu. Comme défense contre ses ennemis, elle sécrète,
d'une glande située près du cloaque, un liquide malodorant ou simule
la mort. Elle se nourrit de divers amphibiens, plus rarement aussi de petits poissons
et de mammifères. Les jeunes mangent aussi des insectes. Entre juillet
et août, la femelle dépose entre 6 et 30 oeufs (exceptionnellement
plus) sous le feuillage, dans la berge ou dans la mousse près de l'eau;
ces oeufs ont une coque élastique ressemblant à du cuir. Les petits
éclosent au bout de deux mois, plus tôt lorsque le climat est plus
clément.
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Couleuvre vipérine
Natrix
maura | |
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Ce
Colubridé ressemble extérieurement à la vipère mais
n'est pas venimeux. De moeurs aquatiques, il fréquente les grandes étendues
d'eau, même très froides. C'est donc la couleuvre vipérine
que l'on a le plus de chances de trouver nageant dans le Léman ou se reposant
sur ses berges. Se nourrit de larves, batraciens et poissons. Petite taille, dépasse
rarement 80 cm. Menacée
d'extinction.
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Couleuvre
tessellée
Natrix tessellata | |
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Espèce
réintroduite au lac Léman, ce colubridé aux moeurs similaires
à la vipérine est encore plus strictement aquatique et ne sort de
l'eau que pour se réchauffer au soleil, se cacher dans sa tanière
et se reproduire. Régime piscivore. Cette couleuvre, qui atteint plus d'un
mètre de long, est répandue du sud-ouest de la France jusqu'en Asie
du Nord. Le dessus est olive, gris olive, verdâtre ou brunâtre avec
des taches sombres qui ornent son dos. Parfois, le dos porte d'étroites
bandes latérales. Souvent, la tête est ornée d'une tache sombre
ayant la forme d'un V retourné. La partie centrale est d'un jaune qui peut
passer au rouge parsemé de taches noires. Il existe même des individus
tout noirs. Fortement liée à l'eau, elle y passe le plus clair de
son temps et, souvent, elle nage très loin. Elle vit aussi sur les côtes.
Dans les montagnes, on peut la rencontrer dans de petits lacs jusqu'à une
altitude de 2700 m. Elle se nourrit surtout de petits poissons, plus rarement
aussi d'amphibiens. Pour manger sa proie, elle l'amène sur la rive, se
pose, un tiers du corps hors de l'eau, et l'avale la tête la première.
Fin juin et juillet, la femelle pond entre 5 et 12 oeufs. En octobre, elle quitte
l'eau à la recherche d'un endroit bien sec pour passer l'hiver; souvent
on peut la trouver alors dans des terriers de rongeurs.
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Coronelle
lisse
Coronella austriaca | |
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Petite couleuvre
peu fréquente avec une répartition par îlots. Elle aime les
milieux secs et son régime est essentiellement composé d'autres
serpents et de petits lézards.
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Couleuvre
verte-et-jaune
Coluber viridiflavus | |
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Deuxième
espèce de couleuvre par la taille, après la couleuvre d'Esculape,
cette espèce affectionne particulièrement les zones sèches
couvertes de rares buissons, caillouteuses, ainsi que les terrasses des vignobles.
Espèce particulièrement vive, rapide et agressive, elle menace quiconque
la dérange en levant haut la tête et en ouvrant la gueule. Elle mord
assez facilement mais sans aucune grave conséquence puisque non-venimeuse.
Son régime est des plus variés: elle s'accommode de toute proie
dont la taille permet la déglutition mais marque une nette préférence
pour les lézards.
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Couleuvre
d'Esculape
Elaphe longissima | |
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C'est
le plus grand serpent de la région: elle atteint parfois la taille respectable
de 200 cms. Beaucoup plus fine que les espèces aquatiques et de moeurs
plutôt arboricoles, elle fréquente les forêts de feuillus clairsemées,
les champs ensoleillés exposés au sud. Ses proies consistent en
rongeurs, jeunes oiseaux au nid, ainsi que lézards qu'elle chasse et tue
par constriction.
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Vipère
aspic
Vipera aspis | |
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Ce
Vipéridé et sa cousine la vipère péliade sont les
seuls serpents venimeux de la région lémanique. Très rare,
cette espèce a souffert et souffre encore de l'ignorance et stupidité
des gens. De très petite taille, elle dépasse rarement les 60 cms,
timide et circonspecte, elle fuit l'homme dès qu'elle détecte sa
présence (par les vibrations du sol) et ne mord qu'en cas d'ultime recours...
ou si l'on tente de la saisir. Elle passe sa période d'hibernation
(d'octobre à fin mars dans nos régions) en groupe avec des congénères,
dans des trous du sol, des galeries de rongeurs, etc. C'est probablement la rareté
de ces abris naturels qui crée ces "attroupements" hivernaux.
De même que pour d'autres espèces d'animaux dits "de montagne",
c'est sa totale destruction par l'Homme dans les zones de plaine qui a réduit
son habitat aux dernières zones sauvages. La rigueur du climat de montagne
n'est en réalité la tasse de thé d'aucun reptile.
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